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Les Morses se spécialiseraient-ils dans l’archéologie sous-marine ? Après François qui photographie l’immersion du site du Frioul, Marie Laure dévalise les greniers du Fort Saint Jean….Mais revenons un peu en arrière. Fin octobre, je suis à Niolon pour un examen de MF1 et discute avec un copain moniteur à l’UCPA. Il me raconte que la semaine suivante ils vont aller chercher des amphores au DRASM (Département de l’Archéologie Sous-Marine, dépendant du Ministère de la Culture, à ne pas confondre avec le GRASM, club de plongée spécialisé archéo) pour les immerger sur une douzaine de mètres devant Niolon. Aussitôt je me déclare volontaire pour aider, porter, plonger, creuser…. Bref n’importe quoi pourvu que je puisse assister à ce genre d’expérience unique. Bingo, trois jours plus tard, je retrouve les copains au Fort Saint Jean : objectif, descendre 220 amphores d’un grenier du DRASM dans la cour principale, pour qu’elles soient trouées à la perceuse. 220 amphores à 7, ça fait une trentaine chacun, à 20kg de moyenne l’amphore, et 35 le nombre de marches à descendre, je vous laisse imaginer les courbatures du lendemain….

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Mais quel plaisir d’être là, voir ces caves mystérieuses dans lesquelles s’entassent les amphores de congloue1 et congloue2, toutes cassées, mais magiques ! La phase 1 s’arrête là, le directeur de Niolon est sceptique sur la rapidité de la suite… et pourtant 2 jours plus tard, j’embarque sur le bateau, direction le Vieux Port, cette fois-ci pour charger et immerger. Belle journée d’automne, mer calme, les pétroliers toujours en attente dans la rade, et arrivés au Fort St Jean, brouettes, chariots et bras se relayent pour effectuer un chargement pour le moins incongru : 200 poteries du 1er siècle avant JC esquichées sur une barge alu très XXIe siècle, c’est anachronique !

Pendant le retour sur Niolon, nous câblons les amphores 3 par 3, histoire de limiter le piratage. Sur site, le bateau se positionne, et la noria commence. Une première équipe se met à l’eau pendant que les autres câblent ou font descendre dans de gros sacs en toile. On m’appelle au bout d’une demi-heure. Je pars en relais d’une archéologue qui remonte. Sous l’eau c’est le chantier : certains ont enlevé les palmes pour être plus à l’aise. A chaque immersion de sac, on se précipite pour déballer le « cadeau », on actionne la corde qui remonte à vide et on emporte notre précieux trésor vers le trou, pour les ranger bien

soigneusement les unes contre les autres. Le trou s’avère trop petit, il faut scier la matte pour l’agrandir, le nuage de sédiment devient impressionnant. Le jour commence à tomber, toutes les amphores sont au fond, une deuxième équipe viendra le lendemain agrandir le trou pour finir de positionner les amphores et réensabler ensuite au maximum, ne laissant que les cols apparents.

Jean-Luc, un des archéologues, me dit : « en une journée, tu as transporté plus d’amphores que certains archéologues dans toute leur carrière ». C’est vraiment ça, l’impression d’avoir vécu un moment unique… merci à l’UCPA et au DRASM.

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