Accessibility Tools

2 Mai 2024

Enfin, c'est le départ! Le moteur tourne rond et nous emmène entre les forts Saint-Jean et Saint-Nicolas, le MUCEM et le palais du Pharo, droit vers le château d'If. Il nous a donné bien du souci et pourtant nous avions fait de notre mieux pour bien le soigner: vidange, filtres à huile et à diesel. Bien souvent, à trop vouloir bien faire, les problèmes finissent par arriver. Et celà n'a pas manqué: une vis serrée avec un peu trop d'ardeur sur le couvercle du préfiltre et c'est la fuite d'air dans le circuit d'alimentation gazoil. 

Heurement, un mécanicien pro a fini par accepter de nous dépanner à moitié et nous donner quelques conseils pour le reste contre un billet (Ah Marseille !). Nous avons finalement réussi à terminer notre préparation non sans angoisse. Mais le programme doit être raccourci d'autant. Charles, notre capitaine met la destination aux votes, mais son bagoût convaint Thomas et moi-même de le suivre dans sa décision d'aller droit sur Calvi, sans escale. Après tout, si on veut manger des miles et naviguer, c'est effectivement la meilleure solution.

Nous voilà donc contournant l'île de Maïre à longer la côte jusqu'au cap Sicié (le "cap Horn de la Provence", rien de moins). Le nouveau voilier avance plutôt bien avec le peu de vent disponible et nous avons même le temps de saluer le pointu de la famille Bonnefon à Sanary. J'ai l'impression que nous faisons quelques envieux et qu'il ne faudrait pas grand chose pour compléter l'équipage. 

Je choisis le quart du matin (4 heures-7 heures). Celà me convient bien car j'aime me lever tôt. Et sans même attendre la nuit, le bruit de l'eau qui file sur coque me berce vers un sommeil bienheureux. Réveil en milieu de nuit suite à quelques virements de bord consécutifs. Quand je sors pour prendre mon quart, je vois que le vent est tombé. Charles m'indique les quelques cargos à surveiller et pars se reposer. Un vent faible de face, qui change de direction, me voilà à essayer de faire la meilleure route en testant le virment automatique au pilote, sans grand succès. 

L'aube finit par arriver et le vent avec, enfin! C'est plus gratifiant et plus agréable. Une belle journée de voile au milieu de la Méditerrannée rythmée par le picnic, la sieste, les lectures et un peu de barre. C'est bien les vacances. 

En fin d'après-midi, la Corse émerge dans le lointain. Les atterrissages sont toujours un moment spécial, et les hautes montagnes Corses rendent celui-ci spectaculaire. Nous n'en finissost pas d'arriver sous un coucher de soleil éblouissant de couleur sur un nuage en rouleau impressionant. Même le vent de face, qui nous a amené très au Sud, semble enfin nous favoriser. Il nous aura tout de même fallu près de 40 heures avant de contourner le cap de la Revellata de nuit et accoster pour un repos bien mérité dans le petit port de Calvi.  

Baignade, puis l'on se perd pluseirus fois dans le maquis avant d'arriver à l'église de Notre Dame de la Serra... enfin soirée dans la célèbre boîte de Calvi "Chez Tao". La première partie commence tôt heuresement pour moi et par un concert du groupe Tao By qui a connu son heure de gloire il  y a vingt ans: "je bois du pastis avec Francis, du ... avec ... Enfin, je ne sais pas trop ce que l'on a bu, mais ce qui est certain c'est que le lendemain, ce n'est pas la grande forme. Et il nous faudra la majeure partie de la journée pour nous en remettre! Dommage pour les camarades plongeurs Morses que j'avais prévus de saluer.

La dernière nuit Corse se fera à l'ancre dans une anse proche du cap de .... Sauvage et magnifique, l'eau transparente achève de nous revigorer. Un bon plat de pâte aux courgettes du jardin plus une bonne nuit par dessus et nous voilà tout frais pour lever l'ancre à cinq heure du mat'.

Les vents nous seront plus favorables au retour, avec même un long bord sous spi à plus de sept noeuds. Ah, les soucis de moteur sont bien loin et finalement celà valait vraiment le coup de larguer les amarres. En chemin, nous apercevons une épave à la dérive et décidons de nous détourner au cas où. Un naufragé? Des migrants? Je crois distinguer dans les jumelles une annexe, en fait c'est un semi-rigide de la taille de celui que mon Père m'a envoyé en Nouvelle Calédonie. Je plonge pour voir ce que l'on peut faire, mais il est retourné et semble impossible à remorquer. Nous voilà repartis avec un gilet et un gonfleur, petits pirates que nous sommes.

Calvi1Même quart pour une nuit encore plus facile avec des vents portants. Je me réveille à quatre heures pour apercevoir le cap Sicié que je doublerai à l'aube. La lente remontée le long des côtes vers Marseille est toujours un bonheur, surtout lorsque l'on passe le bec de l'aigle puis cassideigne. 

Qu'il est beau notre archipel de Riou! Mais, tient, on dirait un souffle. J'écarquille les yeux. Des ailerons noirs en pagaille, oui c'est bien un banc de globicéphales ou  baleines pilotes. Je les reconnais car j'ai déjà croisé une fois dans ma vie une troupe semblable lors d'une pêche au large de Saint Domingue.

Calvi2Barre à babord toute, nous voilà bientôt entourés de toute part. Je cours chercher mon masque et mon tuba. Et plouf, me voilà agrippé à l'échelle à les observer se peletonner sous la coque autour de la quille. Des bébés de moins d'un mètre à des géants de près de quatre mètres, on pourrait presque les toucher. Thomas puis Charles, puis moi de nouveau. Nous les observons longuement ou ils nous observent, je ne suis pas très sûr. Ah vraiment quel spectacle magnifique. Et tout celà à quelques encablures de Callelongue, camarades! 

Calvi3