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4 Mai 2024

C’est Noël, c’est les vacances et c’est aussi la meilleure période pour profiter de la mer à Maputo. L’eau est chaude, a priori la visibilité devrait être excellente après trois jours de vent du Sud, qui nous ont cloués à terre. Nous avons rempli les bouteilles de plongées, préparé les cannes et leurres diverses, fait le plein d’essence, préparé la glacière et les sandwichs. Nous avons réparé la panne qui nous a tourmentés pendant trois jours (une anode cassée qui bouchait le circuit de refroidissement. Dès l’aube, je suis impatient de partir plein gaz vers le large.

Zé et Nocaz, son épouse, ne tardent pas. Il n’y a pas grand monde au club maritimo à cette heure. On met le bateau à l’eau, le temps de garer la voiture et la remorque et c’est parti pour le grand large. Aujourd’hui, c’est le grand tour par la zone des marlins, retour pour plonger sur la Baixo Danae, près du cap Sainte Marie à la pointe de l’île d’Inhaca et retour pour 17h00, heure limite pour rentrer sous peine d’amende.

Pour sortir de la baie, il faut passer le blanc de sable de Jeremias: l’eau est limpide et sur le sable d’une couleur magnifique. On aperçoit un groupe de dauphins aussi nous modifions légèrement le cap. Ils abandonnent leur pêche pour nous escorter vers le large, la zone des 200 mètres propice pour la pêche au marlin. Branle bas de combat, toutes les cannes sont dehors, nous voilà en train de croiser à 7 nœuds. C’est l’heure de piquer un roupillon, car il a fallu se lever tôt!

Ah que c’est bon de profiter du soleil et somnoler bercé par les vagues de l’océan indien. Je m’endors comme un bienheureux, mais c’est pour être réveiller en sursaut par la crécelle d’un moulinet: ça mord! Une dorade coryphène de belle taille jaillit hors de l’eau, après une courte bataille, la voilà à bord. C’est toujours un peu triste de voir ce poisson d’une couleur si magnifique, entre le jaune et le vert pomme, se mourir et perdre ses couleurs.

coryphene

Dorade coryphène, magnifique

Nous aurons également une touche sur un marlin énorme bien entendu mais qui finira par nous échapper non sans avoir mis le branle bas dans le bateau et deux autres dorades tout aussi magnifiques. Les heures passent et quand le temps commence à devenir un peu long et le soleil trop accablant, nous nous rappelons que c’est le moment de plonger.

Direction le fameux site de l’arche (o arco): un arc de vingt mètres sous lequel pourrait s’engouffrer un bus anglais à deux étages. Cela fait deux ans que je n’ai pas plongé sur ce site que nous avons découvert avec Zé il y a près de vingt ans. A peine la tête sous l’eau, je réalise que les conditions de visibilité sont exceptionnelles pour le Mozambique, environ 40 mètres. Cela n’arrive jamais et c’est bien la première fois que l’on peut prendre des photos avec l’arche en entier.

arche

L’arche, si grande qu’il est rare de la voir en entier

Nous avions un peu l’espoir de voir la douzaine de loches géantes que nous avions vu l’année dernière au même endroit et aux mêmes dates. Mais pas de chance. Enfin l’eau est si transparente que nous décidons de nous laisser emporter par le courant pour découvrir les fonds. Une dizaine de minutes plus tard, nous repérons le site du puit (o poço), toujours pas de loches, mais quelques mérous patates de belle taille (50 à 60 kg), une murène léopard, un mérou à queue bleue sans doute le plus gros que j’ai jamais vu de cette espèce. Et il est déjà temps de remonter …

Après un intervalle de surface d’une heure, deuxième chance de voir du gros cette fois sur le site de la caverne aux requins, où j’avais vu six requins « grey reef sharks » ou « Carcharhinus amblyrhynchos », requins gris de récif ou requins dagsit en français à noël 2013. Nous n’avons pas vraiment le point exact mais la visi est tellement bonne que l’on tente le coup.

carangues

Nuage de carangues

Je nage à grand coup de palme vers le fonds en dévidant le fil du moulinet de la bouée à toute vitesse. La falaise est à portée de main mais il faut batailler contre le courant. Ouf, j’agrippe un rocher et reprend mon souffle. On est juste en dehors de l’arène qui contient la caverne. Au dessus moi, un nuage de carangues. Elles sont plusieurs milliers. Quelques unes s’isolent par paire, l’une devient presque noire alors que l’autre reste d’argent. C’est le temps des amours.

leopard

Martine ou Guy aurait fait mieux!

Je rampe sur la falaise en m’agrippant à l’abri du courant et jette un œil vers le bas: un requin gris tourne dans l’arène et sur le sable, un requin léopard semble endormi! Quelle chance, une descente en douceur vers le sable et m’aplatis juste derrière lui en retenant ma respiration. Quelques minutes de bonheur avant qu’il ne réalise ma présence et se sauve d’une nage nonchalante. Que demandez de plus à une plongée!

requins

Défilé de requins, dagsit puis léopard, je ne veux voir qu’une ligne!

Le soleil commence à tomber, c’est le grand surf avec le zodiac sur les vagues le long du cap de Sainte Marie et puis en longeant les plages toujours redessinées par les vagues de l’île des portugais. Le soleil en plein dans le nez dessine la silhouette des immeubles de la ville de Maputo: le grand surf se poursuit jusqu’au Maritimo où nous arrivons juste à temps. C'est-à-dire avec un quart d’heure de retard comme il se doit pour pouvoir profiter jusqu’au bout de la journée, mais pas encore assez pour avoir droit à l’amende du club maritimo!