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8 Mai 2024

Cela fait maintenant quelques mois que je pratique assidument la plongée, pour l'essentiel autour de Nouméa, dans les passes de Boulari ou Dumbéa. Il est temps que je partage un peu quelques histoires sinon vous allez finir par m'oublier. C'est certain, les plongées se méritent la plupart du temps car il faut près d'une heure pour aller sur les passes. Et si l'aller de bon matin est facile car la mer est souvent lisse, les alizés finissent le plus souvent par se lever et le vent fait le bonheur des véliplanchistes, voileux ou autres kitesurfers. Mais le retour en zodiac est plutôt secoué et mouillé. Alors, on fait deux plongées à la suite et après retour à la maison à la mi-journée. Les après plongée de Callelongue me manquent donc beaucoup et les photos de tablée de boudin et autre spécialité de charcuterie une vraie torture. Alors, c'est à mon tour de vous faire envie. Je raconte juste deux plongées, car on ne peut pas tout dire.

Passe intérieure de Boulari

Là on est dans la passe, un jour où l'eau est limpide. Nous sommes arrivés les premiers vers 7h30 du matin. Cela veut dire départ 6h45 du quai. Encore personne à l'eau, je m'équipe rapidement et avec mes deux binômes éveillés, on se glisse dans l'eau les premiers et moi le premier des premiers. À peine le temps de faire un canard, une pointe blanche de lagon étendue sur le sable juste sous le bateau. Je m'approche doucement par-derrière en expirant et retenant ma respiration.

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Pointe blanche de récif

Pas la peine de prendre autant de précautions, en longeant le récif main droite, juste au-dessus du sable, nous en trouvons un voire deux ou trois planqués derrière chaque patate, en pleine sieste. Nous avançons doucement le long du récif. Parfois ils nous ignorent, parfois ils se réveillent et font une boucle pour nous laisser passer et retourner à leur roupillon.
Un de mes binômes m'appelle et pointe vers une échancrure dans le récif. Je regarde et mets plusieurs secondes avant d'identifier un Napoléon énorme. C'est la première fois que j'en vois un aussi peu craintif et d'aussi prêt. Quel poisson magnifique, vert d'eau, avec des lèvres d'au moins cinq centimètres d'épaisseur et un oeil qui guette mes moindres mouvements.
Il est temps de revenir sur nos pas en profitant cette fois du courant. Je m'éloigne un peu du récif pour profiter du flux et avoir cette impression de voler. Mon autre binôme agite une main sur la tête en pointant devant. Cette fois, c'est un requin gris qui fonce droit sur nous pour satisfaire sa curiosité. Par rapport aux pointes blanches de récif, il a l'air d'une machine de guerre, nageant sans effort à contre-courant juste au-dessus du sable. J'en garde une superbe image entre la couleur gris sombre du requin gris sur le sable blanc dans une eau transparente.

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Requin gris de récif

 

La plongée se termine paisiblement sur un carré d'anguille jardinière avec des pastenagues qui se font la cour. La banane.

Passe de Dumbéa, le mur aux loches

C'est la seconde fois que je fais cette plongée. Du bateau on voit un requin pointe noire nager à vingt mètres de nous. On s'équipe. La première fois, j'avais été surpris par le courant et dans peu de visibilité, j'avais vu des tas de requins gris sortir du brouillard. Frisson et frustration. Cette fois, j'ai bien l'intention de ne pas me laisser emporter trop vite.

Il faut commencer par ramper contre le courant en agrippant les pierres sur près de cent mètres. Une énorme loche marbrée apparaît, je la signale à ma binôme qui n'a pas l'air d'y porter un grand intérêt. Je comprends pourquoi, elles apparaissent de partout. Un peu comme la Gabinière à Port Cros.

Nous finissons par arriver à la fin du tombant et devant nous s'ouvre la passe. L'eau est très claire, quelle chance. Il y a vraiment des loches marbrées partout. Parfois elles se frottent entre elles pendant deux secondes. Il semble que c'est la saison de la reproduction et elles s'assemblent en grand nombre dans la passe à ce moment.

On s'allonge sur le sol face au courant et patience. J'espère voir des requins gris en nombre comme la dernière fois. Et on nous l'a promis au briefing! Au bout de cinq minutes à scruter le bleu, toujours rien. Et puis j'entends un cri. Alors je tourne la tête.

Ma binôme me montre une Manta qui s'approche en faisant des loopings dans le bleu. Je quitte mon caillou, souffle coupé et remonte doucement. Elle continue ses loopings comme si de rien n'était. Deux rémoras l'accompagnent, mais ils ne sont plus collés à elle. Sans doute qu'ils n'aiment pas la voltige.

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Devinez c’est quoi ?

Autre cri, cette fois se sont trois raies Manta qui font des loopings. Un vrai ballet de danse synchronisée. Nous en verrons encore quatre ou cinq, toujours répétant le même manège. La dernière au palier. L'aladin gris indique 7 minutes, mais enfin personne ne se plaint.

Le week-end prochain, c'est safari à la faille aux requins près de Bourail. Il faut savoir varier les plaisirs. On me promet requin-léopard, raie aigle, requin-guitare et pourquoi pas un tigre ... À suivre.

Photos Nicolas Marquet