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2 Mai 2024

Le Nyiragongo : des années que j'en rêvais, depuis un reportage sur Arte sur les volcans de la planète. Un des rares volcans avec un lac de lave permanant, dont ondit que c'est le plus grand du monde. Mais y aller n'est pas si simple, car il est situé dans l'Est du Congo à la frontière avec le Rwanda et cette province est truffée de groupes armés, plus ou moins sous contrôle.

Mais mon ami LLuis doit se rendre à Goma et me dit vouloir grimper la montagne. Aussi ni une, ni deux, j'achète sur internet un permis au Parc de Virunga pour le volcan et tant qu'à faire pour les Gorilles de montagne. On peut même acheter son visa pour le Congo en ligne, qui l'eut cru! Nairobi Kigali par avion, trois heures de taxi et me voici comme une lettre à la poste à Goma en RDC.

Un defender du parc avec un ranger armé vient me chercher et me voilà en route pour le camp de Bukima, tout proche des Gorilles. Il me faut à nouveau trois heures de pistes, dont la dernière sur un chemin très pierreux et difficile. A intervalle régulier, un poste de l'armée congolaise avec des soldats lourdement armé assure la sécurité. Enfin on y croit.

Le camp a une vue imprenable sur le volcan éteint tout proche de Mikeno, montagne isolée très spectaculaire. Mais le plus impressionnant est de nuit. La lave en fusion se reflète dans les panaches des fumées de souffre dans l'obscurité. Et ce n'est pas un mais deux yeux rouges qui apparaissentà l'horizon! Irréel et inquiétant.

Pourquoi deux? Et bien parce qu'il y a un second volcan encore plus actif et dont j'ignorais tout: le Nyimuragira. Voilà bien le parc des Virunga, encore plus extraordinaire que l'on ose l'imaginer. Et avant même avoir satisfait mes envies de Gorille et Nyiragongo deux nouveaux objectifs, le Mikeno et le Nyiramuragira ...

Mais d'abord les Gorilles. Avec notre ranger, nous voilà en file indienne en plein forêt à leur recherche. On marche d'un bon pas pendant plus d'une heure sous les arbres, quand nous sommes rejoints pas les pisteurs. Il nous faut mettre des masques de chirurgiens et soudain le dos argenté!

C'est le mâle dominant, dont on nous dit qu'il fait 200 kg. Même s'il me semble râblé, sa carrure est impressionnante, sa tête énorme et ma fois ses bras et ses jambes dotées d'une musculature incroyable. Paisible, il se laisse observer en mâchouillant des feuilles et des écorces à quelques mètres. Nous mitraillons et filmons l'instant.

Puis, les rangers nous emmènent vers une maman et son tout petit bébé gorille de six mois. Il est curieux et s'approche sur ses petits poings fermés de nous, nous regardant tout aussi étonné que nous avec ses grands yeux. Nous sommes même obligés de reculer pour éviter le contact.

Gorille1

Grosallie

Une heure, c'est le temps compté auquel nous avons droit. Il faut en profiter pour faire la connaissance de toute la famille Rugendo. Ils se regroupent pour une sieste, certains allongés sur le dos à se gratter les pieds, d'autres à s'épouiller. Les minutes défilent et c'est déjà fini. Mais quelle rencontre!

Gorille2

La sieste, c'est pas qu'à Marseille

Le soir, nous nous rendons dans le luxueux lodge de Mikeno, avec chalets dans la forêt et cheminée allumée rien que pour vous dans la chambre. Nous rencontrons même le directeur du parc, un prince de Belgique Emmanuel de Merode et un ancien Ministre Belge dont je ne n'ai pas retenu le nom. Et pourtant, il n'y a pas foule de touristes : c'est surtout pour les initiés.

Samedi, nous retrouvons quelques camarades de LLuis et nous voilà à nouveau en route avec rangers et porteurs vers le sommet du volcan où nous devons passer la nuit en refuge. On a pris le pack grand luxe avec cuisinier et équipements de montagne contre le froid. Heureusement, car la montée est plutôt raide, même si nous nous en sortons avec les honneurs selon les rangers. Et la fatigue aidant, nous sommes bien contents de manger chaud sans lever le petit doigt.

La première rencontre avec l'intérieur du volcan est plutôt décevante: trop de nuages, panaches, on ne voit rien ou presque. Les dernières heures du jour nous permettent toutefois d'avoir une vue magnifique sur le Mikeno flottant au-dessus des nuages. Mais je suis inquiet si près du but malgré les propos rassurant du ranger. Il faut patienter et attendre la nuit pour que cela s'éclaircisse. Donc nous mangeons pour prendre notre mal en patience.

Et puis en dessert, le grand moment. La nuit est là et, oui, les nuages ont disparus. Avant même de plonger notre regard dans le cratère, on voit cette lueur rouge inquiétante, surnaturelle. Nous nous penchons et là c'est la magie du feu: 300 mètres plus bas, au milieu de trois cercles concentriques, le lac de lave!

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Sans odeur de souffre, sans les sons

Des iles de laves noires, sans doute refroidies par leur arrivée en surface sont délimitées par des traits rouge vif. Elles se déplacent à vive allure et disparaissent dans des trouées de laves bouillonnantes. Le tout assorti de panache de fumées blanches rougies par la lave et dans un bruit assourdissant qui rappelle une mer déchainée se fracassant sur des rochers.

Volcan2

Nyiragongo

Nous sommes bouche bée. Tour à tour silencieux, puis exultant. Impossible de détourner son regard, c'est comme un feu de camp mais d'une taille de géant. Grandiose, vraiment.

C'est aussi un moment de célébration et d'amitié, car LLuis me dit qu'il y a 18 ans exactement, il posait le pied pour la première fois en Afrique. Et dans le meilleur des lieux qu'il puisse rêver, à savoir une des inoubliables méga fêtes du Monarca, dans sa maison de Maputo. Autrement dit ma villa de trois étages, dont salle de bal et terrasse capables d'accueillir 150 personnes. Ah l'Afrique, champagne ...