J’imagine que tout le monde est maintenant au courant : la Présidente s’est rendue en voyage en Polynésie. A cette heure, elle a sans doute déjà publié dans le Morse le rapport officiel de ses pérégrinations des îles sous le vent à l’archipel des Tuamotus, de Bora Bora à Fakarava. Elle était accompagnée dans ce périple d’un photographe/vidéaste, M. Marius Santoro, qui accessoirement est également son prince consort, ainsi que de moi-même comme chroniqueur attitré.
« Il est parfois un peu acide dans ses propos, mais moi je l’aime bien. Il me fait rire. C’est en quelque sorte mon fou du roi, enfin de la reine quoi ! »
Ainsi qualifié, le « fou de la reine » précise que ces chroniques n’engagent que lui : tout ce qui y est rapporté ne serait être retenu contre notre Présidente..
J’ajoute également à toutes fins utiles que j’ai pu consulter la facture du voyage Présidentiel et consort. Elle m’a été remise afin de caler mon propre voyage avec le voyage officiel. La facture était bien aux noms de Martine Malègue et Marius Santoro. Aussi inutile de perdre son temps à écrire au Préfet des Bouches qui parlent trop en oubliant leur accent chantant, aux Fédérations des Sports Sous-marins ou de natation mono-palme, au Ministère des Sports et de la Vieillesse ou que sais-je encore, pour abus de pouvoir ou fraudes financières. Ce serait peine perdue. De même, il n’y a pas eu détournement des fonds du poisson-tirelire destiné à recevoir les oboles des adhérents pour le café et les boissons : les montants recueillis sont si ridicules que la Présidente n’aurait certainement pas pu aller plus loin que l’Estaque. Rassurez-vous, personne ne sera privé de pastis et cacahuètes.
Après un long et pénible voyage et douze heures de décalage horaire, la mission s’est retrouvée à Papeete. La première visite inscrite à l’agenda a été organisée par le gentil Morse Manu et sa moitié Marie. Avec Martine et Mario, cela fait beaucoup de M&M’s... Comme il pleuvait à torrent, nous avons eu droit à une tournée des cascades les plus proches de Papeete. Choix fort à propos, car elles sont rarement aussi fournies. A tel point que seule la première cascade était ouverte au public. Qu’importe ! A l’incitation de Manu et peut-être grâce à un passe-droit présidentiel, nous avons contourné la barrière fermant l’accès aux chutes les plus éloignées et ainsi pu bénéficier d’une visite privée des cascades les plus éloignées. Pour cela, la Présidente n’a pas hésité à braver tous les dangers : de la roche glissante de pluie aux chutes de noix signalées par de menaçants panneaux rouges marqués : Danger ! Qu’elle est brave notre Présidente !

La photo officielle
Puis nous nous sommes rendus à Moorea où Manu nous a présenté ses travaux aux Criobe (labo des chercheurs qui aiment plonger en Polynésie). Nous avons d’ailleurs assisté à une démonstration impressionnante à laquelle nous n’avons pas compris grand-chose, sauf notre Présidente bien entendu. Il semblerait que cela consiste à modéliser le comportement face à des menaces diverses de poissons-clowns. Et là, je vous assure que je n’invente rien. Cela nous a semblé très compliqué, à Mario et à moi, d’où la longueur de ces séjours outre-mer de plusieurs mois. Il faut bien les attraper les clowns.

Manu se prend pour le Joker et fait peur aux clowns
Puis là arriva le moment le plus douloureux du voyage pour votre chroniqueur. M&Ms avaient programmé une sortie baleine. Comme j’ai déjà pu observer ces baleines à bosse des dizaines de fois, je n’avais pas l’intention d’y aller et je n’ai pas pris la peine de m’inscrire. Aussi la veille, quand j’ai compris que les observations se feraient en PMT, il était trop tard. La demande est tellement forte que toutes les places étaient prises depuis des semaines... quel échec. Il me faudra revenir.
Après Moorea, nos chemins se sont séparés. La Présidente et Mario ont poursuivi vers d’autres îles sous le vent en amoureux et je suis parti directement vers l’atoll de Tikehau dans les Tuamotus. Je n’ai donc rien de croustillant à raconter sur cette partie du voyage, sauf à inventer, ce qui n’est pas le style de la maison.
Les retrouvailles ont eu lieu sur l’atoll de Rangiroa où la Présidente avait pris ses appartements dans le luxueux Relais de Joséphine surplombant sur la passe de Tiputa, pendant que votre dévoué et pauvre chroniqueur était logé dans la modeste pension Glorine, sous le vent, entre le bar et le Raie Manta club. Ce fut un vrai plaisir de voir avec quelle facilité votre Présidente s’est habituée sans effort à plonger dans plusieurs nœuds de courants, s’intégrer dans des bancs tourbillonnant de milliers de barracudas géants, s’approcher en apnée de requins gris pour leur tirer la queue.
La Présidente s’est également rendue en visite protocolaire de l’autre côté de la passe pour assister à la kermesse de l’école des petits et encourager avec véhémence l’équipe féminine dans la course de Va’a, pirogue polynésienne et sport national de ce territoire. Je conseille à tous de se mettre urgemment à faire des séries de pompes et d’abdos. J’ai cru comprendre que la Présidente souhaiterait ouvrir une section Va’a au MSLC, « pour maintenir en forme tous les adhérents qui auraient tendance à se laisser aller avec l’âge et préférer manger la tablette de chocolat que de l’arborer ». Enfin, je deviens un peu dur d’oreille, à confirmer.

« Allez les filles ! »
La rencontre la plus mémorable fut celle avec les dauphins, en particulier avec la dauphine Delphine. C’était après la dernière plongée un peu décevante. Il pleuvait à verse. Nous étions transis de froid, quand le capitaine Mako du Raie Manta club nous proposa une séance de PMT avec les dauphins dans la passe, « ceux qui aiment les papouilles, c’est maintenant et pas dans une heure. » Devant son insistance, nous avons fini par céder et le suivre sous la pluie battante. Bien nous en a pris et merci à lui, car à peine dans l’eau, la dauphine Delphine s’est ruée vers Mario et moi pour se faire caresser. Avec insistance, elle s’est mise sur le dos, les nageoires pectorales grandes ouvertes mais sans possibilité d’écarter sa nageoire caudale, bien que la situation était très équivoque. Alors nous avons bien été obligés de céder, de peloter et papouiller Delphine. Mon amoureuse à qui j’ai raconté l’histoire a fait une crise de jalousie, me traitant de zoophile. La vérité troublante est plus proche selon moi d’un comportement anthropophile, auquel nous avons bien été contraints de répondre. Comment résister au cliquetis d’une dauphine, au chant des sirènes ? Que Dieu ait pitié de nous, faibles hommes que nous sommes. Les victimes, c’était nous. Était-ce un rêve ?

Delphine, la nouvelle DP ?
Il ne faut pas oublier les pichets de Hinano, la bière locale, que la mission a éclusés avec méthode tout en regardant les couchers de soleil, soir après soir. L’alcool aidant, la Présidente s’est laissée aller à partager quelques idées et confidences, que je ne peux vous rapporter, avec la mauvaise foi de rigueur.

Brainstorming, les idées fusent
« Que pensez-vous les choupinets de faire venir Delphine comme DP à Callelongue ? Ce serait super, on manque tellement de DP et ils ne sont plus tout jeunes. Une jeune dauphine comme DP, ça ce serait une première ! En plus, elle pourrait aussi coacher nos champions du monde de mono-palme, Gérard et Miria. S’ils veulent devenir champions olympiques dans trois ans, il faudrait passer la vitesse supérieure. »
Quand la Présidente a commencé de suggérer de faire venir une baleine jubarte pour remplacer l’enclume - je veux dire le Suscle - et amener les plongeurs aux Moyades sur son dos, je me suis dit qu’il était temps de mettre un terme au plus vite à l’apéritif pour un sommeil réparateur. Mais bon, il pourrait y avoir du changement et de nouvelles idées après ce voyage, sachez-le.
Et puis arriva l’ultime étape de ce voyage officiel. En premier lieu la passe de Fakarava Sud que je connais bien pour l’avoir pratiquée en janvier 2013 la première fois, avant Ballesta et son reportage sur Arte (voir récit dans le Morse sur les grands requins marteaux). C’est sans doute une des plongées les plus remarquables de la planète, de jour comme de nuit. La journée, c’est un mur ininterrompu de requins gris sur plus de six cents mètres. La première fois que j’y ai plongé, nous étions trois. Aujourd’hui, il n’y a sans doute plus une journée sans une demi-douzaine de bateaux pleins à ras-bord de plongeurs. En 2013, il était possible d’exploser le mur en se laissant dériver en plein milieu, de viser les requins et les regarder vous éviter en passant devant, dessus, à droite et à gauche ... en 2025, il faut longer sagement le mur. C’est sans aucun doute une très bonne chose, même si c’est moins drôle. La nuit, la folie s’empare des requins. La chasse bat son plein sous les phares des plongeurs. L’adrénaline est à son maximum !

Le jour et la nuit
La Présidente a terminé son périple à Fakarava nord. C’est à mon avis la plus belle passe. Autant la passe sud est un aquarium à la portée de niveau 1 du fait de sa faible profondeur et d’un courant modéré. Autant la passe nord, la plus grande de Polynésie avec 1,6 km de large, est un véritable grand huit. Les coefficients de marée étaient à leur maximum. Nous étions à la peine avec Mario à tenter de suivre notre Superwoman de Présidente qui volait de canyon en canyon, de banc de chinchards de plusieurs centaines de mètre carrés, en banc de perches pagaies ou de priacanthes rouge-vif comptant des milliers, des millions d’individus jusqu’au banc de poisson chèvre ou lutjans jaune dans la caverne d’Ali baba. C’est là que notre Présidente avec son éternel esprit de petite fille a décidé d’abandonner sa palme, comme la cendrillon des contes de Perrault, tout en cherchant à disparaître au milieu des lutjans. Peut-être espère t’elle qu’une raie Manta océanique la retrouve et lui ramène à Callelongue ? En tout cas, elle s’est amèrement plainte de ne pas en avoir vu, de raie Manta. Un couac dans l’agenda ?
Enfin, la Présidente a remis un formulaire d’adhésion à un énorme cochon nageant dans les eaux turquoises du lagon. Elle lui a promis les meilleurs moniteurs pour le passage de son niveau 1, et lui a affirmé qu’il ne manquerait pas de copains sanglier.

Cochon du Lagon, futur membre de MSLC ?
Je ne puis terminer cette chronique en partageant avec vous une préoccupation importante et perturbante. La Présidente a passé la plupart du temps entre les plongées à acheter colliers de coquillages, boucles d’oreilles de perles, bagues de nacres, pendentifs en aiguille d’oursin crayon et j’en passe ... Elle ne rêve que de couronne, de fleur de tiarés affirme-t-elle. Je me demande même si elle n’a pas acheté un sceptre en douce.
« Présidente, c’est bien. Mais si j’étais une reine, je pourrais avoir une couronne !»
Devant la quantité de bijoux plus extravagants et ostentatoires les uns que les autres, il va peut-être falloir construire une tour sur la terrasse du club, à l’instar de la tour de Londres pour protéger tous ses trésors « de la couronne ». Alors là, je dis non :
« Martine, Callelongue est une démocratie avec un Président élu au suffrage universel. Ni dictateur, ni reine au pouvoir. Les décisions sont collégiales. Le rapport annuel ne peut être une suite de j’ai fait ci, j’ai fait cela, chiffrés. Mais un nous avons fait quantité de baptêmes cette année, nous avons participé à Calanque propre, au comptage des mérous et que sais-je encore... Et je précise un nous inclusif, pas un nous de majesté ! »
Ceci étant dit, Martine si pleine de chaleur maternelle, d’enthousiasme, d’abnégation et de générosité, je pense me faire le porte-parole de tous les choupinets et choupinettes en disant que tu pourras quand même porter, en sus de ta collection de bijoux polynésiens, une couronne de fleurs si tu y tiens.
Tu pourras ainsi être la reine de nos cœurs.

Présidente et reine des cœurs
Observations
Liste des mammifères : baleine à bosse (M&Ms), dauphin, cochon du lagon 0 et, léopard de mer (vu dans le journal de Tahiti « un léopard de mer au Gambier »).
Liste des requins et élasmobranches : raie aigle, raie Manta (Rémi), requin pointe blanche du lagon, requin pointe blanche de récif ou Albi marginatus, requin gris, requin bordé, requin citron, requin nourrice.
Liste des limaces : néant, désolé ... la presbytie ...