Le coin des Morses
Travaux
Lol, que de mésaventures, je voulais poser une cuvette suspendue dans mon WC !
À la première livraison elle arrive complètement cassée à la deuxième elle arrive bien fêlée j’attends la troisième ...
Rassurez-vous j’ai heureusement 2 WC dans ma maison ... mais bon si je ne peux reprendre mon chantier que lorsque les plongées reprendront !
Activité Physique
Promenade de confinement dans les vignes à côté de chez moi ...
Oisiveté
La minette de mon fils essaie de tuer le temps pendant le confinement ... pfff pas grand chose pour moi à la télé !
Re promenade dans re les vignes à côté de chez moi ... grrrrr c’est loin la mer !
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- Écrit par : Philippe Demousseau
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Partie 3 : Plongées dans l'histoire du Caillou
Corvette de guerre et canons de bronze
La Calédonie a le don de mélanger des noms très exotiques à nos oreilles avec d'autres qui rappellent l'histoire de France. Nous empruntons ainsi l'étroit canal d'Harcourt, du nom du capitaine de la frégate Alcmène qui avait pour mission de découvrir un passage permettant de relier les côtes Ouest et Est de la grande terre, sans avoir à contourner Bélep par le Nord. C'était en 1850. Nous laissons par bâbord le petit îlot qui porte le nom d'un de ses lieutenants, Saint-Phalle. Il serait décédé lors d'une escarmouche avec le chef Dindi, sabre à la main dans la chaloupe ayant pour mission d'hydrographier le canal.
Pianotant sur Wikipédia et sur les cartes marines de Navionics, mon imagination vogue au gré des noms de récifs qui s'affichent sur la carte marine … Tiens, voici justement le récif de la Seine qui délimite la passe de Pouébo. Se pourrait-il que ce soit sur ce récif qu'ait sombré la Seine, un des tous premiers navires de guerre français à avoir naviguer en Calédonie ? Sans trop y croire, mais poussé par mes fantasmes, je suggère à Thierry d'aller voir.
« Il est immense ce récif, il y a vraiment peu de chance de tomber dessus … et en admettant que ce soit le bon récif ! »
Mais le courant est rentrant et c'est l'heure de plonger. Il se laisse convaincre. Nous avons tôt fait de nous mettre à l'eau sur le côté extérieur du récif et de nous laisser entraîner par la marée vers le lagon. L'eau est transparente, la plongée est une nouvelle fois pleine de promesses en termes de faune et de flore, quand subitement j'aperçois à flanc de récif une ancre à jas de deux mètres de haut.
Je fais signe à Serge de s'arrêter pendant que le reste de la troupe continue de se laisser porter par le courant. Là mon imagination s'emballe à nouveau … Serait-ce une ancre de la Seine ? Je n'ose toujours pas y croire tout en faisant le tour de l'ancre. Tiens, elle est rattachée à une chaîne. Les maillons sont gigantesques, à l'échelle de l'ancre. Chaque anneau fait près de vingt centimètres et je n'arrive pas à faire le tour avec le pouce et l'index de la section métallique. Alors que pour mon petit voilier de douze mètres il me fallait de la chaîne de 12 mm. Cela pourrait bien correspondre à un navire d'environ 50 mètres au bout de ce fil d'Ariane … je me prend à rêver qu'une corvette de guerre avec d'antiques canons de bronze pourrait bien se trouver à l'autre bout.
De plus en plus excité, je fais signe à Serge de me suivre et nous voilà pistant, maillon par maillon, une chaîne qui en semble plus vouloir en finir. Mi-bouteille déjà, il ne faudrait quand même pas que nous arrivions à court d'air avant d'avoir trouvé l'épave, si épave il y a ! J'accélère encore tout en jetant un coup d'œil de temps en temps vers l'arrière, par en dessous entre mes jambes et sans même me retourner pour ne pas perdre une seconde. Serge suit toujours, ouf ! Alors je ne mollis pas. Brusquement le récif s'interrompt. Mais la chaîne poursuit son chemin 20 mètres plus bas, se détachant de manière nette sur un fonds de sable. Et puis apparaît sur notre droite une seconde ancre de la même taille imposante, reliée à une chaîne qui converge clairement vers la nôtre. 80 bars, le but est proche, allez encore un effort, Serge.
Soudain une forme indistincte se détache sur le sable. Je devine ce qui pourrait bien être des canons éparpillés. Au fur et à mesure que nous nous approchons plus de doute. Ce sont bien des dizaines de canons éparpillés sur le sable, encore une ancre de même taille, la poupée d'un énorme cabestan qui a perdu ses bras depuis bien longtemps : c'est la Seine ! En grand nombre, des clous d'une vingtaine de centimètres, seuls restes d'une coque en bois, laissent imaginer la forme et la taille du navire de guerre. Ce qui a survécu du cabestan et les multiples ancres dispersées tout autour de l'épave laissent imaginer le combat titanesque de l'équipage pour tenter de déhaler la corvette du récif. Tout en épuisant le fond de ma bouteille à contempler les restes de cette tragédie, je songe à tous ces efforts déployés. En vain.
Une vraie épave avec des canons de bronze, des ancres énormes et un cabestan !
Tout à l'euphorie de cette redécouverte, nous sommes contraints, faute d'air, d'arrêter notre plongée pour rejoindre la surface. Mais il en faudrait plus pour supprimer le sourire qui s'étend jusqu'à nos oreilles, et peut être même un peu plus haut encore. J'ai une pensée pour mes amis de l'association Fortune de mer qui ont dû connaître cette même joie lors de la découverte de l'épave en 1997. Et je me promets de retourner au Musée maritime de Nouméa, à la recherche de la vitrine abritant les objets qu'ils ont remonté pour y être exposés. Il me faudra aussi relire soigneusement les pages du livre des cinquante naufrages en Nouvelle Calédonie consacré à ce qui est une des plus anciennes épaves du territoire, pour continuer de donner vie à cette collection de vestiges.
Maquette de la Seine au Musée de Nouméa : observez les 22 canons,
le cabestan entre le mat d’artimon et le grand mat et quelques-unes des ancres
A l'abri d'une étrange formation rocheuse, la fameuse poule de Hienghéne, que les premiers marins français sembleraient avoir baptisé de « tour de Notre Dame », nous revivons cette journée historique autour de petits punchs généreusement préparés par mon binôme. C'est tout un rituel pour Serge. Il prépare ainsi six petits verres qu'il amène partout avec lui, dans un petit panier destiné à transporter des œufs. Il sort chacun des petits récipients avec précaution, les aligne pour y verser généreusement une large cuillère de sucre de canne non raffiné, puis y exprimer le jus d'un morceau de citron vert qu'il abandonne et recouvre de ce nouveau rhum calédonien.
« Il faut faire tourner l'industrie locale », s’excuse-t-il. « Les gars, c'est la dernière tournée … la bouteille est finie ! »
L'alcool aidant, je partage ma réflexion de l'instant :
« Tu sais Serge, c'est quand même incroyable le pouvoir qu'une photo satellite, une carte marine ou encore un vulgaire clou en bronze ont d'enflammer l'imagination. »
Le temps des cap-horniers
Plus nous descendons vers le Sud, plus la barrière de récif de la côte Est est immergée. Elle n’apparaît plus que par endroit. C'est sans doute moins efficace pour développer la force des courant dans les passes et concentrer la faune. Aussi les plongées me paraissent moins spectaculaires. Mais comme piège pour les navires, il semble difficile de faire mieux que ces coraux qui affleurent presque.
Quand je demande à mes camarades de l'association Fortunes de mer quel est l'épave la plus spectaculaire de Calédonie, ils sont presque unanimes pour citer le Saint-Nazaire. C'est eux qui l'ont découverte lors d'une campagne de recherche en 2006. Plusieurs fois lors de nos sympathique réunion du jeudi soir, j'ai suggéré d'organiser une expédition pour aller la visiter. Mais du fait de sa localisation sur la côte oubliée, la logistique est complexe. Et cela n'a jamais été réalisé. De plus, ils gardent jalousement leurs points GPS, ce qui se comprend aisément.
Mais l'idée de plonger sur cette épave continue de me trotter dans la tête. A l'abri de notre mouillage de Port Bouquet, l'apéritif aidant à visualiser et croire à ses fantasmes, je suggère de tenter notre chance. Et après le succès de la Seine, j'y crois. Les indices dont nous disposons pour la localisation sont pourtant bien maigres : j'ai juste pris en photo les pages relatives au Saint-Nazaire du livre des Naufrages publié par l'association. Autant dire pas grand-chose pour entamer une chasse au trésor. Et le souci du secret de mes camarades est tel que je n'obtiendrai rien de plus. Thierry n'est pas très enthousiaste à l'idée d'organiser le programme des plongées avec si peu d'information. Je ne peux que lui donner raison. Mais après quelques verres, je lui arrache quand même l'idée d'une troisième et dernière plongée sur un récif qui me semble prometteur, pour « finir les bouteilles ».
Imagine entre deux pins colonnaires
Ainsi donc nous voilà le lendemain en fin d'après-midi sous le vent d'un petit récif qui me semble prometteur. Il ne reste plus grand monde, car Thierry n'autorise la plongée qu'à ceux qui ont conservé plus de cent bars dans leur bouteille. De quoi constituer deux petites palanquées tout de même. La première est emmenée par Thierry, elle partira dans le sens des aiguilles d'une montre. Et la seconde est constituée par moi-même et Serge bien entendu. Nous optons pour le sens inverse : le but n'est-il pas de remonter le temps ?
Alors je palme, je palme en veillant à rester le plus proche de la surface, pour consommer le moins d'air possible. Serge suit. Les minutes passent et la pression de nos bouteilles diminue de manière inexorable. Nous approchons de la réserve et je commence à me faire une raison. Dommage, un petit rêve de chasseur d'épave qui s'enfuit … quand soudain, il me semble apercevoir une une tôle carrée … mon cœur s’accélère brusquement et sans même faire signe à Serge, je sonde immédiatement.
Victoire ! Plusieurs mats en acier de grande section s'enchevêtrent les uns sur les autres. Ils nous conduisent droit à la proue du navire. Brisée nette, séparée du reste du navire, elle est renversée sur elle-même, le pont à même le fond et l'étrave vers la surface. Je me glisse sans peine dans cette nef subaquatique et savoure mon plaisir. C'est inespéré : se retrouver par vingt mètres de fonds à l'intérieur d'un trois de ces trois mats barques en acier qui ont fait la navette entre la France et la Calédonie aux alentours des années 1900, un de ces mythiques cap-hornier … Nous remontons en survolant le reste de l'épave. Et quelle épave, l'acier de la coque a définitivement mieux résisté au temps que le bois de la Seine. Les dimensions du navire sont également surprenantes: plus de quatre-vingt mètres de long, pour une dizaine de large seulement. Ces trois mats étaient vraiment conçus pour filer avec le vent. Décidément, quelle chance !
Port boisé
Dernier mouillage sur la côte oubliée
Nous voilà savourant un dernier apéritif bien abrité dans un de ces mouillages si sauvages de la côte oubliée. Son nom vient du fait qu'elle est inaccessible, sauf en bateau, et donc quasiment vierge de toute habitation. C'est un peu le moment de faire le point sur ce « tour de côte » si extraordinaire. Cette expression mérite une explication. Jusque vers 1950, soit pendant presque un siècle après le rattachement de la Calédonie à la France, les liens des habitants avec Nouméa, et donc le reste du monde, se faisaient principalement grâce à des navires omnibus. Ceux-ci faisaient le tour de l'île apportant le courrier, colportant marchandises et passagers. Ils portaient le nom de tour de côte. Ce trafic maritime a aujourd'hui complètement disparu, avec la construction des routes et l’avènement de la voiture. Et compte tenu des 400 km de long de la grande terre, les bateaux réalisant un tour de l'île pourraient sans doute se compter sur les doigts d'une main certaines années. Notre périple est donc vraiment une performance.
Comme Charcot sur la banquise,
savourons quelques coupes de Mumm cordon rouge !
Alors champagne pour cette croisière. C'est pour moi presque la fin de mon séjour en Nouvelle-Calédonie. Impossible de nier que cette perspective me rend triste. Aussi autant la noyer dans quelques bulles et se focaliser sur le bilan incroyable de ces dix jours inoubliables : face à face mouvementé avec la tribu de Waala à Bélep, première baleine de l'année sur le récif des Français, exploration d'une dizaine de nouvelles passes dont la passe du Jeune cadet, redécouverte de l'épave de Seine corvette de guerre de 22 canons, puis de celle du cap-hornier Saint-Nazaire sur la côte oubliée … Si ce n'est le moment de déboucher quelques bouteilles !
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- Écrit par : Rémi Fritsch
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Pour la randonnée du jour (25 octobre 2020), nous avons rendez-vous à Mouriès, village typiquement provençal entouré de collines, de crêtes... et de plus de 80 000 oliviers.
Depuis plus d'un millénaire, la commune produit toutes sortes d'olives et surtout des olives cassées, une spécialité de la Vallée des Baux. Aux début du XXe siècle, Mouriès comptait onze moulins à huile, aujourd'hui il y en a trois qui sont toujours en activité et ouverts au public.
Nous démarrons notre randonnée à partir d’un parking. Nous prenons à gauche la route d'Eygalières et la longeons sur 500m, puis nous empruntons une route en terre qui va, peu de temps après, longer une partie du magnifique et réputé golf de Servanes. Lors de sa construction, des «villae» de l’époque romaine ont été découvertes. Après des fouilles préventives, les vestiges ont été recouverts pour éviter qu’ils ne s’abîment.
Nous nous rapprochons des petites falaises qui sont sur notre gauche. Nous suivons un sentier non balisé qui grimpe sur les crêtes et atteignons un petit plat (petite borne N°10 avec plaque céramique bleue). Nous sommes au pied des falaises blanches dites des "Caisses de Jean Jean".
Les Caisses de Jean Jean, quel drôle de nom ! L’endroit appartenait à un propriétaire nommé Jehan. Quand son fils a hérité, on parlait des terres de Jehan, fils de Jehan….raccourci avec le temps en Jean-Jean.
Quant à l’origine toponymique de «Caisses», certains pensent à une origine pré-celtique (cal, car, cr = pierre), à moins qu’il ne s’agisse du provençal cais (pluriel caisses), la mâchoire, par analogie avec la forme du lieu, et les dents par rapport aux barres rocheuses découpées qui se font face comme les dents d’une mâchoire.
Cet opmpidum qui remonte à l’époque protohistorique (VIe au Ier siècle av. J.-C.) a été classé Monument historique en 1937, avec des vestiges de maisons et un rempart. Des objets divers (fibules, lampes à huile, lion de Servanes) et des gravures remarquables de chevaux et de cavaliers sont aujourd’hui conservés au musée départemental de l’Arles antique.
Nous longeons les caisses de Jean Jean pendant près de deux kilomètres. Nous remarquons un immense pied de lierre en forme de cœur, des vestiges de maisons ainsi que les bases d’une construction allongée, de grande dimension. Sa localisation à l’écart du village et sa taille font penser qu’il s’agissait d’une salle de réunion. Elle aurait pu également avoir une fonction agricole (grange, bergerie ?).
Dix petites bornes réalisées par les élèves d’un collège de Tarascon ont été installées tout au long du sentier de découverte. Sur les bornes, les carreaux indiquent des numéros et des thématiques (faune, flore, paysage, patrimoine, activités humaines).
A la borne qui porte le numéro six, nous abandonnons le chemin principal et nous nous faufilons à travers une végétation dense pour nous rapprocher de la falaise. Nous découvrons alors une forme ronde à son pied. Il s’agit d’une tentative d’extraction d’une meule de moulin sur une strate verticale se trouvant dans une carrière datant probablement du XVIIème. Son emplacement s’explique par le fait que la falaise est composée de plusieurs couches. La première strate est de l’épaisseur de la pierre. Cette dernière était donc assez facile à détacher du mur.
Pour la fabriquer, on pense que les hommes faisaient des trous autour de la pierre puis y mettaient de l’eau. Pendant l’hiver l’eau gelait et la roche cassait. C’est comme cela qu’ils parvenaient à lui donner une forme ronde.
On pense qu’ils réussissaient à la faire rouler jusqu’au moulin grâce à des rondins de bois. Dans le moulin, cette grosse pierre dure servait à moudre les graines ou à écraser les olives.
Nous longeons la falaise et rencontrons plusieurs groupes de grimpeurs. En effet, les Caisses de Jean-Jean sont appréciées par les grimpeurs qui ont installé des voies d’escalade sur les falaises. Chaque voie a un nom, certains sont écrits sur la roche.
Un peu plus loin, une percée dans la roche nous permet d’admirer le paysage: à nos pieds, le golf de Servanne et des oliveraies.
Le sentier de terre qui longe la falaise se termine. Nous empruntons alors, entre deux pierres, une petite route goudronnée qui traverse de belles oliveraies, direction le Cagalou, la Herrero, le Gour Blanc. Nous rencontrons des cavaliers et des cueilleurs d’olives.
Au bout de 800m, nous atteignons le canal des Alpilles que nous suivons. Son parcours, d’une longueur de cinquante trois kilomètres comporte sept siphons, trois superbes aqueducs et sept tunnels dont celui des clapiers. Sans lui, il est probable que les agriculteurs auraient été ruinés, la sécheresse ayant sévi pendant plusieurs années. Mis en service en 1914, ce canal prend sa source à Eyguières, via le canal Boisgelin Craponne alimenté lui-même par les eaux de la Durance, et la transporte jusqu’à Fontvieille. Il peut servir aussi aux pompiers en cas d’incendie.
Le long du canal et dans les oliveraies, pousse du fenouil sauvage. Ses feuilles et ses tiges anisées parfumeront quelques unes de nos préparations culinaires et notamment le poisson grillé.
Après avoir longé le mur en pierres d'une grande maison, nous passons devant les ruines de la ferme du Cagalou, un ancien puits puis la belle propriété d’Entremonts.
Nous voilà revenus au départ de la boucle. Au croisement des chemins, nous prenons à droite celui qui borde le golf (passage canadien) et qui permet de longer par le bas et, d'un peu plus loin, les "Caisses de Jean Jean" versant Sud que l'on a sur notre droite. Nous faisons une halte à la source de l'Olivier. L'ancienne pompe est un peu difficile à amorcer. Nous suivons ce chemin sur deux kilomètres environ et rejoignons une route goudronnée que nous empruntons quelques minutes avant de prendre à gauche une petite sente qui permet de longer la route tout en marchant dans la garrigue. Plus loin, nous passons devant le portail d'entrée du Château de Servanne .
Un sentier nous permet de rejoindre la colline. Après une courte montée, nous suivons un chemin qui passe au bas d’une citerne réserve d'eau, puis, au bout d’un moment, nous rejoignons le parking et nos véhicules.
Geneviève MARTIN
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- Écrit par : Geneviève MARTIN
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Ce matin, mardi 20 octobre, avec Jean Pierre nous travaillons sur le bateau à la Pointe Rouge :
Mise en place des plaques réalisées par nos copains de St Dizier sur l'échelle
Remplacement des trappes de visites et du coupe circuit de la batterie.
Je demande à toutes les personnes qui utilisent le bateau, d’ouvrir la Babe de temps en temps et d’accrocher le tout à la clé de contact pour vider la coque.
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- Écrit par : François Scorsonelli
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Partie 2 : En dérive dans le lagon Nord avec un nouveau binôme
Au gré des courants
La nuit de dérivante dans le lagon nord se passe sans incident majeur, même si certains se plaignent de ne pas avoir trop dormi du fait des vagues qui claquaient sur la coque. C'est vrai qu'en l'absence de moteur, le catamaran s'était positionné de travers, prenant les lames sur le côté et non plus par l'étrave. Mais malgré tout, nous nous en sommes bien sortis. Et puis la passe d'Estrées nous tend les bras, le temps est au beau fixe et c'est le rentrant … y a-t-il un meilleur moyen pour se réveiller et oublier une nuit difficile que de se mettre à l'eau ? L'arrivée d'une demi-douzaine d'Albi marginatus attirés par notre fracassante entrée sous la surface nous donnent la réponse.
Nous sommes immédiatement captivés par ces requins dont les nageoires sont soulignées de blanc, ce qui leur vaut leur nom scientifique latin. Le simple fait de clipser la sangle de ma stab déclenche une charge du plus près d'entre eux. Il me fonce droit dessus avant de m'éviter au dernier moment. La montée d'adrénaline enfin maîtrisée, j'observe en détail ces requins que le fin liseré blanc de ses nageoires permet de classer comme les plus élégants du récif. Ils nous accompagneront jusqu'à la fin de la plongée. Dans notre souvenir, cela restera comme la plongée des Albis …
Très jolie photo de perroquet à bosse, euhh d’Albi marginatus … (photo de Cécile Bonis)
La sortie de l'eau met un terme à cette parenthèse enchantée. Retour à la réalité : où mouillez ce soir, si nous ne pouvons pas nous abriter à Bélep ? C'est fâcheux. Par chance, Marc nous sauve la mise : il a récupéré avant de partir les coordonnées d'un mouillage plus ou moins abrité du récif tant que le vent dominant, l'alizée de Sud-est, reste modéré. Alors profitons-en pour garder le cap au nord ! A proximité de notre futur mouillage, nous faisons une immersion sur le tombant. Je ne suis pas fan de ces plongées. Les coraux durs sont beaux certes, le relief vertical est impressionnant mais je préfère la dynamique, l’exubérance et la variété des passes. Aussi je remonte à mi-bouteille, un peu déçu, pour m'asseoir dans le poste de pilotage avec Félix. Ma déception ne dure qu'un instant : dans le coude du récif qui nous servira d'abris, j'aperçois la première baleine de l'année. Elle me semnle bien petite. Mais je suis content de l'avoir vu. Déjà l'an dernier j'avais également repérer la première baleine de l'année début juin. Si ce n'est pas un signe de bon augure ! Le temps que les autres terminent leur plongée, Félix se rapproche et je tente en PMT une ou deux observations mais sans succès : l'eau est trop trouble. Les parachutes annoncent la fin de la plongée pour le reste de la troupe aussi je remonte sur Imagine. Les camarades font le signe du requin marteau en se frappant les tempes des deux poings, un grand sourire aux lèvres. Je leur réponds par le cri de « Baleine ! Baleine !» … Ah, la Nouvelle-Calédonie.
Entre requin marteau et baleine, les conversations s'animent autour de la table que nous avons déplacée sur la plage arrière pour l'apéro et le coucher du soleil. A l'abri du récif, nous savourons la perspective de bien dormir cette nuit et nous nous laissons aller au bonheur de l'instant. A tour de rôle en croisière, nous cuisinons pour tous. Ainsi c'est plus convivial et plus facile. Ce soir, c'est mon tour. C'est un peu compliqué car nous sommes douze. Il vaut mieux avoir une grosse gamelle ! Et encore, même ma cocotte en fonte 10 litres, pourtant le plus gros modèle du magasin, est à la peine pour rassasier la troupe toute entière. J'espère quand même que mon petit salé allongé de crème et accompagné de deux miches de pain pour saucer nous permettra de survivre jusqu'à demain … A cette échelle, cela devient presque un métier de cuisiner !
Au nord du grand récif Cook
Après une excellente nuit réparatrice pour tous, le soleil se lève sur une journée qui promet d'être idéale. Notre capitaine Félix, Marc le pilote et Thierry notre directeur de plongée décident de basculer sur les dizaines de petites passes au nord du récif Cook, à l'est de Bélep. Mais première épreuve : l'ancre est coincée sur le fonds. Impossible de la remonter au guindeau. Félix s'échine du mieux qu'il peut sans succès. Alors je me porte volontaire pour plonger malgré l'heure matinale et la relative obscurité. Coincée entre deux patates de plusieurs mètres de diamètre, l'ancre n'était pas près de sortir d'elle- même. A se demander comment elle a réussi à trouver le chemin pour se faufiler dans cette étroite anfractuosité. Je laisse près de 100 bars de ma bouteille à lutter pour extraire ses 25 kilos de ce labyrinthe … ce n'est plus de mon âge, la prochaine fois, je laisserai la place au plus jeune. Enfin je suis fier de ce petit travail de force. Thierry, toujours prompt et généreux avec la distribution de médailles en chocolat, me promet un diplôme de travailleur sous-marin. Je souris car la nature humaine est ainsi faite : nous aimons tous les compliments. Même si je l'attends toujours, elle viendra ma médaille, j'en suis sûr.
Enfin, nous voilà filant par le petit détroit entre les deux îles principales de Bélep, à savoir Pott la plus au nord et Art. Nous apercevons quelques petites plages bordées de cocotiers qui auraient pu faire de bons abris … Mais hormis ces petits écrins, ces deux îles sont austères, pelées et sauvages. La pointe septentrionale de Pott, l'ultime terre au nord de la Calédonie, est l'entrée vers le royaume des morts. Selon les croyances mélanésiennes, les esprits des morts se réfugient sous l'eau en attendant de se réincarner dans un nouveau-né, qui héritera du nom d'un ancien récemment disparu. Vivre un temps sous l'eau avant de renaître, l'idée apparaît au plongeur que je suis très séduisante. Elle me laisse songeur face à ce paysage de bout du monde.
Perché à quatre mètres de la surface, assis à l'abri du soleil dans la cabine de pilotage sur le pont supérieur, j'observe le large sillon laissé par Imagine. Il trace une élégante ligne droite sur cette mer d'huile vers deux nouvelles passes à découvrir, sélectionnées principalement au hasard. Nous les avons choisies parmi plus d'une dizaine sur la photo satellite, sans doute pour l'intense couleur bleue marine qui contraste fortement avec le marron clair des récifs ou la blancheur éclatante des bancs de sable qui les délimitent. Quelles autres critères pourrions-nous retenir ? Avons-nous fait le bon choix ? Je me rassure en me disant que l'on peut plonger presque n'importe où en Calédonie sans être jamais réellement déçu. Et quel côté de la passe sera le plus jolie ? A cette dernière question, nous avons une seule réponse cartésienne : il suffit de diviser la palanquée en deux.
Choisissez le côté nord et les barracudas sont au sud … (photo de Cécile Bonis)
Tel superman, en binôme avec Serge dans la passe du Jeune cadet
Quelques mots pour décrire mon nouveau binôme Serge : c'est un jeune retraité débordant d'énergie, doté d'une faconde intarissable et toute parisienne. Guitariste et astronome, il s'est passionné sur le tard pour la plongée, au point d'envoyer son camping-car sur le caillou pour y passer une année avec son épouse ! Il me fait confiance sous l'eau, élément qui a aussi l'avantage de noyer son flot de paroles. Il est immanquablement content de sa plongée, dont il partage de manière très volubile le contenu. La conclusion est toujours la même, inévitable, mais dont l'euphorie de l'expression est contagieuse : « un truc de malade ! » ou « un truc de dingue ! ». Nous sourions tous à l'entendre. Même si nous le moquons gentiment afin d'éclaircir parmi ces deux superlatifs, lequel tient la corde. Bien que nous les ayons entendues des centaines de fois, nous doutons toujours entre le malade et le dingue. Enfin il arrive à suivre mon palmage, tout en conservant assez d'air pour terminer la plongée en même temps que moi : deux critères pas toujours aisés à remplir ! Mais qui permettent régulièrement, du moins je l'espère pour mes binômes, d'en voir un petit peu plus !
Attention à ne pas perdre son nouveau binôme dans un nuage de poisson … (photo de Cécile Bonis)
Ce serait fastidieux de décrire dans le détail nos deux plongées, même si pour une fois je partage l'avis de Serge : c'était un truc de malade, voire peut-être un truc de dingue. Je garde l'image d'une plongée en dérivante interminable. Nous nous laissons balayés par la marée rentrante le long d'une paroi verticale et lisse, couverte de coraux mous uniformément jaune poussin. Elle est marquée d'un long sillon en son milieu parallèle au fond. Allongés avec les bras le long du corps, nous nous laissons emportés par un courant de plusieurs nœuds dans ce sillon qui nous enveloppe sur trois côtés. Cela me donne l'impression d'être un peu comme superman survolant une piste de bobsleigh. C'est comme un vol dans un conduit où nous serions escortés de requin gris très curieux de ces extraterrestres ou devrions nous dire « extramerestres » ? Le conduit aboutit finalement à une grande cavité au milieu de la paroi. J'en profite pour m'agripper et mettre fin temporairement à notre vol sous-marin. Nous avons un peu le sentiment sur un balcon, spectateur du trafic qui emprunte la passe. Celui-ci est constitué d'une multitude de requins gris, qui immanquablement intrigués par notre présence, interrompent leur voyage pour venir nous inspecter de près.
Et puis nous terminons dans un bras de mer de quelques mètres de fonds. Dans si peu de fonds, les coraux qui parsèment le sable laissent éclater leurs couleurs. Ils nous protègent nous et toute une variété de petits poissons du courant, nous permettant de dessaturer tranquillement comme dans un sas ouvrant vers la surface. « Ce sera la passe du Jeune cadet ! » me propose Thierry, qui n'est que de quelques mois mon aîné. Je souscris avec joie à la proposition : après tout ces passes n'ont aucun nom sur les cartes. Et l'idée de laisser mon surnom à l'une d'entre elles, de plus située au nord du grand récif Cook, n'est pas pour me déplaire.
Traversée de passe dans le courant, serait-ce la passe du jeune cadet ? (photo de Cécile Bonis)
L'embouchure du Diahot
A l'abri d'un récif de grande largeur, ancrés sur un de ces fonds blancs immaculés qui donnent aux eaux peu profondes cette couleur turquoise si caractéristiques de la Calédonie, nous profitons de ce repos pour regonfler nos blocs et nous restaurer. C'est aussi le moment de faire un point météo et d'affiner la suite de notre programme. Jusqu'à maintenant, nous avons bénéficié de conditions exceptionnelles. Je me sens bien à l'abri sur ce mouillage idyllique qui nous permettraient d'explorer encore une de ces petites passes, voir même la fameuse faille Cook du récif du même nom qui continue de m'échapper ! Comme j'aimerais rester une nuit de plus dans ce lagon Nord ! Cela nous a pris un an pour y arriver alors pourquoi ne pas prendre quelques risques pour une journée supplémentaire ?
Mais le temps semble vouloir se dégrader dans le Sud en fin de semaine avec l'apparition de vent d'Ouest. Finalement, la décision est prise de redescendre par l'Est sous la protection de la côte. Le chemin est plus long, mais Félix ne semble pas très confortable avec notre actuel mouillage pour y rester la nuit. Je me range à l'avis de la majorité tout en me consolant, avec difficulté je l'avoue, d'avoir à troquer la faille Cook pour un tour complet de la Calédonie. Décidément, la photo aérienne exposée dans mon salon de ce coup de serpe dans le récif continuera de me narguer, tout comme Thierry qui ne manque jamais une occasion de me rappeler qu'il y a déjà plongé, lui !
Notre Capitaine avait raison : le mouillage à l'embouchure du Diahot, à proximité du village de Pam, est parfait. Les montagnes qui le protègent de chaque côté nous garantissent une nuit des plus paisibles. L'endroit est sauvage : c'est tout juste si nous apercevons quelques vaches qui paissent tranquillement sur le rivage. La rivière est large, majestueuse : comme il est tentant de vouloir explorer ce qui constitue le plus long cours d'eau de Calédonie. Nous savourons notre traditionnel apéritif au calme tout en regardant le soleil se coucher. J'en profite pour raconter une anecdote de circonstance.
C'est l'histoire d'un jeune natif de Pam, mais habitant à Poum, appelé en France pour faire son service militaire. Son patronyme est un nom assez répandu dans le coin : Winchester. Le voici arrivant le premier matin à la caserne qu'il lui a été assignée. Un sergent le fait s'aligner comme toutes les nouvelles recrues dans la cours : têtes hautes, bien droits, les mains le long du corps, petits doigts sur la couture du pantalon.
« Très bien, je vais passer devant chacun d'entre vous pour faire l'appel. Vous répondrez à mon salut en annonçant haut et fort votre nom, votre ville de naissance et votre lieu d'habitation. »
L'appel commence et bientôt le voilà devant notre jeune calédonien.
« Winchester, Pam, Poum ! ».
« Ah ! Je vois que l'on veut faire le malin. Et bien vous me ferez une semaine de trou pour commencer ! »
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- Écrit par : Rémi Fritsch
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