Le coin des Morses
Mon troisième nouvel an en Calédonie, le temps passe si vite. Encore un et ce sera presque la fin de mon passage sur le caillou. Mais il est bien trop tôt pour laisser place à la nostalgie, il faut profiter au maximum de chaque instant: voilà une excellente résolution pour la nouvelle année 2019 ! Pas toujours facile à tenir, car mon directeur est en congés de fin d’année, et comme toujours l’adjoint reste cloué sur place afin d’assurer l’intérim. C’est la règle du jeu, même si elle est parfois très contraignante.
Heureusement, je peux compter sur l’aide de Thierry et Stéphanie, toujours ultradynamique et jamais à court de bonnes idées. Ils ont justement loué une méga-villa et réussi à mobiliser une petite troupe de plongeurs confirmés et motivés pour des sorties en mer et fêter la nouvelle année. Que d’énergie et de savoir-faire! La camionnette chargée de soixante blocs, le pick-up attelé à notre increvable semi-rigide jaune canari, le signal du départ vers Port Ouenghi est lancé. En route pour un nouveau safari.
L’organisation militaire a parfois du mauvais, quand on arrive avec 5 minutes de retard, voir même à l’heure et que le bateau n’est plus à quai. Mais aussi, et il faut le reconnaître, de très bons côtés. Si j’étais un peu dubitatif au départ, il est certain que c’est grâce au CSANC et à sa section plongée que j’ai pu remplir mon carnet avec des immersions allant de Beautemps-Beaupré à la passe de la Sarcelle en passant par les Pléiades ou les falaises de Jonkin à Lifou sur la côte Est, et de la passe de Ploum à celles encadrant le récif Lé dans la corne Sud sur la côte Ouest.
Si je doute d’arriver à mon objectif (explorer toutes les passes des 2000 kilomètres de récifs avant mon départ, rien que cela), je n’aurais jamais imaginé avoir déjà coché autant de cases. Le mérite en revient à tous ces militaires prêts à aider et à son retraité de chef commando, il est vrai bien secondé. Au final, voilà une association qui déborde d’énergie et d’initiative pour le plus grand plaisir de générations de marins, maître popote, femmes de pilote, infirmiers, pachas, épouse de command de base, bataillons de légionnaires, leurs enfants et même ceux des militaires néo-zélandais en échange linguistique. Ils ont bien de la chance les militaires. Et moi aussi, puisqu’ils acceptent les extérieurs, même ceux qui n’ont pas fait leur service. Merci le CSANC!
Notre villa à Port Ouenghi est idéalement placée, sur une colline surplombant une plage encore très sauvage avec une vue magnifique sur la baie de Saint Vincent. La passe marquant la sortie de la baie est pile en face. C’est aussi le lieu idéal pour apprécier le couché du soleil. Avec environ 4000 m2 de terrain, les campeurs trouveront tous aisément un coin d’ombre pour planter leur tente. Et les autres pourront se mettre à leur aise dans les divers bungalows entourant une petite piscine fort agréable pour se dessaler au retour de la plongée, ou pour passer les heures chaudes de l’été. Une grande cuisine américaine et une large table de bois massif permettront d’accueillir avec confort toute notre équipe pour les festivités qui s’annoncent.
Un seul bémol qu’on ne pourrait reprocher à notre binôme de choc : le vent. Dès 10h00 du matin, le ventilateur monte en puissance pour atteindre les 30 nœuds avec des rafales à 40 nœuds! Thierry a beau anticiper l’heure du départ, cela promet d’être sportif au retour. Enfin, nous sommes pour l’instant bien protégés par le récif de la corne de Ténia. Et, chance, un gros nuage de pluie semble tenir à distance l’alizé pour le moment. Une tortue grosse tête pointe sa tête hors de l’eau pour nous observer, c’est bon signe. Même pas dix heures et c’est la seconde plongée de la journée. Thierry lâche les petits niveaux avec Stéphanie sur le récif. Il ne reste plus que Marc et Thierry Mares plus Laurent et moi pour refaire ce que nous appelons la corne par commodité.
Cela n’a rien d’une corne. Il s’agit d’une longue arête de deux cents mètres environ, parallèle au récif barrière, à environ cent mètres au large, et qui culmine à -12 mètres. Quand je suis arrivé il y a deux ans, l’usage était de partir du récif barrière et de nager vers le large pour rejoindre l’arête. Un peu angoissant, car la visibilité ne permet pas de discerner l’arrivée. Il fallait prendre un cap au compas et s’y tenir. Après plusieurs minutes de nage palmée parfois dans le courant, l’ombre de l’arête finissait par apparaître. Expiration, on pouvait enfin se rassurer et avec soulagement corriger son cap. L’inconvénient est qu’une fois arrivé, la bouteille était déjà bien entamée, tout comme le capital temps de plongée hors palier. Et cela, juste au moment où le paysage s’anime: tombants qui se perdent dans les profondeurs, gorgones géantes accrochées à la paroi, banc de carangues gros yeux, banc de requins gris et très souvent quelques albimargintus plein de curiosité pour les plongeurs (relire 2017 octobre albimarginatus).
Avec le temps et en profitant des journées de pétole, nous avons réussi à marquer les point remarquables: le mamelon à – 34 mètres à l’ouest et le sommet de l’arête à – 12 mètres. La descente dans le bleu sur le mamelon est un régal. Mais en seconde plongée, c’est un peu osé. Aussi Marc et Thierry Mares choisissent le sommet de l’arête. Thierry les dépose en premier.
Pour ma part, je ne résiste pas à une nouvelle descente dans le bleu et j’entraîne Laurent avec moi. Comme toujours, nos esprits hésitent entre appréhension à l’idée de plonger sans voir le fond et exaltation dans l’espérance de faire une rencontre extraordinaire. A certains endroits du récif, tout est possible. La corne de Ténia est de ceux-là. Et hier, comme à la plongée de ce matin, nous avons déjà vu un marteau isolé. On dirait que c’est la saison. En plus le vent semble avoir refroidi l’eau de plusieurs degré : à peine 23° contre 26° la semaine précédente. Je suis convaincu qu’ils remontent avec ces eaux plus fraîches.
Un, deux, trois, sans même prendre le temps de nous retrouver en surface, nous fonçons la tête en bas à grand coup de palme. On ne sait jamais, avec le courant, il ne faut pas traîner si on ne veut pas rater le mamelon. D’un coup d’œil rapide, je vérifie entre mes jambes que Laurent suit et m’enfonce sans ralentir jusqu’à voir le fond. Voilà le gouffre sombre qui délimite le platier sur lequel repose le mamelon, il est temps de se redresser pour s’orienter et faire un scan de l’horizon à la recherche de ...
Le nuage de carangue gros yeux est toujours là. En sustentation à dix mètres au dessus du sol, il est aussi volumineux qu’une montgolfière. Une raie mobula nage à grande vitesse le long du tombant. Petite déception, pas d’albi, ni de gris … C’est étrange. A ces profondeurs, le décompte des ordinateurs est rapide, surtout à la seconde plongée. A regret, le moment vient d’entamer la progression à contre courant vers l’arête. Il faut se faire une raison. Nous avons joué et il semble bien que nous ayons perdu pour cette fois.
Nous voilà enfin à l’abri du courant sur le tombant de l’arête. C’est très poissonneux et vertical. Je continue à scanner l’eau sombre dessous, à droite, à gauche. Rien, c’est désespérant. Un regard vers le haut et … Tout en même temps, c’est le shoot d’adrénaline et l’escadre de requins marteaux. Leur silhouette en contre jour se détache parfaitement. J’en compte rapidement une dizaine. Quel spectacle époustouflant. Ils sont malheureusement rapides. Je me colle à la paroi pour me faire discret et remonte rapidement car ils sont en train de passer l’arête. Le temps d’arriver à la crête et déjà ils disparaissent dans l’océan. Mon cœur se calme, reste un mélange de jubilation et de frustration. Il faut se raisonner pour se laisser submerger par l’euphorie. Ils ne sont pas nombreux les plongeurs qui ont eu cette chance en Calédonie. C’est même la seconde fois que je vois un banc de marteaux en Calédonie (relire 2017 Mars complètement marteau).
Le maitre principal Laurent dégaine sa Gopro. Le grand angle ajoute à la distance mais permet d’arroser large…
Nous poursuivons la plongée en direction du sommet de l’arête. J’espère que Marc et Thierry ont eu la chance de les apercevoir également. Nous ne tardons pas à voir leurs bulles et je suis vite rassuré: les voilà cognant à tout va leur points fermés de chaque côté de la tête. Nous faisons de même. Personne ne prend de photo cette fois. Dommage, car nous devions être comiques dans notre danse du marteau! Mais, Laurent et Thierry ont chacun tiré quelques images de l’escadre, après tout c’est l’essentiel. Pour que l’on nous croit, pour le partage et pour pouvoir faire durer ces secondes magiques. Moi, je suis sans arme … alors remerciez les pour leurs photos.
Pendant que le premier maitre Thierry mitraille de son côté
… une dernière rafale dans le dos
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- Écrit par : Rémi Fritsch
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19 janvier 1840 : découverte de la terre Adélie (pôle Sud)
À cette époque, les Anglo-Saxons commencent à explorer les régions antarctiques et le roi de France Louis-Philippe veut les prendre de vitesse.
Deux navires battant pavillon français (L'Astrolabe et La Zélée, partis de Toulon le 11 septembre 1837) placés sous le commandement de Dumont d’Urville arrivent en vue d’une montagne, le 19 janvier 1840.
En prenant possession de cette terre glacée au nom du roi Louis-Philippe, après que les deux bâtiments aient réussi à se frayer un chemin parmi les icebergs (voir la gravure), Dumont d’Urville annonce à l’équipage qu’elle portera désormais le nom de Terre-Adélie, rappelant le prénom de sa femme Adèle.
19 janvier 2019 : découverte de l’Escalette (Marseille)
Deux Morses explorateurs, Jean- Claude et Frédéric décident de partir à la découverte du patrimoine environnant en utilisant le moyen local de transport public.
Leur première découverte est un énorme panache de fumée noire en provenance du pourtour de l'étang de Berre, bien visible par tous les passagers de l’autobus desservant la ligne N°20 Callelongue à la Madrague de Montredon.
Il s’agit d’un sinistre sur le site d’une entreprise de retraitement de déchets à Gignac-La-Nerthe : environ 100 m3 de déchets brûlent en dégageant cette épaisse fumée noire, visible à des kilomètres aux alentours. La surchauffe d'une machine servant à broyer les déchets semble être à l'origine du sinistre.
Enfin, l’autobus les dépose au lieu-dit « l’Escalette ». Une escalette (du latin scala, escalier), c’est un assemblage de règles en bois, pour la lecture des dessins, dans les ateliers de tissage; et en Provence, c’est un petit passage piétonnier urbain en pente, aménagé en escalier en totalité ou en partie.
Selon certaines sources, le quartier de l'Escalette tire en réalité son nom du terme provençal "escaleto", désignant le petit escalier mobile qui permettait au gardien de la vigie (poste de veille) qui s'y trouvait d'accéder à son poste. En effet, un réseau de postes de surveillance a longtemps encerclé le territoire marseillais, mais l'emplacement exact de la vigie de l'Escalette est inconnu.
La deuxième découverte de nos explorateurs en posant le pied à terre est l’ancienne usine de plomb de l’Escalette.
Depuis le 1er Empire, la réglementation stipulant que les usines dangereuses et polluantes doivent être reléguées dans des endroits isolés, les autorités locales ont très tôt choisi de sacrifier la zone des calanques - très faiblement peuplée et aux activités agricoles rares - pour y autoriser, au milieu de XIXe siècle, l’implantation d’usines de traitement du minerai de plomb : la « galène » (ou plomb argentifère), importé par bateaux depuis les mines italiennes et espagnoles.
Choisi entre autres pour sa commodité d'accostage dans la calanque, avec un système de godets roulants sur rails permet par traction de transférer les cargaisons de minerai depuis le petit port jusqu'à l'usine située plus haut, l’unité de production de l’Escalette fournira jusqu’à 3 000 tonnes de lingots de plomb par an et sera la dernière à fermer ses portes en 1924 après 73 ans d’activités.
L'usine, construite en pierres de taille et en briques, est entourée de bureaux et d'habitations destinées à ses ouvriers. Le plomb et l'argent extraits par l'usine étaient acheminés jusqu'aux Goudes où se trouvait la douane. Les lingots étaient alors contrôlés et estampillés, puis repartaient en péniche vers le Vieux Port.
Nos Morses explorateurs ont pu voir les importants vestiges de ses installations, ainsi que les restes d’une longue cheminée rampante de condensation de plusieurs centaines de mètres de long, remontant la pente de la colline pour évacuer les fumées nocives plus haut.
La troisième découverte est le Fortin de « l’Escalette Haut ».
« L’Escalette Haut » est constitué d’un fortin construit vers 1860 destiné à la garde de la côte autour duquel un fort a été construit vers 1885, l’ensemble a été modernisé vers 1910. Le site formera avec l’usine de traitement de plomb en contrebas une batterie militaire italienne puis allemande durant la 2ème Guerre mondiale.
Jean-Claude et Frédéric ont pu remarquer les quatre cuves (en photo) où se trouvaient quatre canons de 270 mm (modèle 1884) sur affût, et une autre zone aménagée pour accueillir quatre canons de 95 mm (modèle 1888) également sur affût.
Sur les photos suivantes apparaissent les membres de la famille DECAILLON qui ont résidé dans le fort avec leurs onze enfants, au début des années 1950.
Après cette plongée dans l’histoire des fortifications côtières françaises, les explorateurs randonneurs emprunte le « sentier du président », passent au large du Fortin des Goudes, sans oublier la présence d’un rucher au pied du « Vallon de l’Agneau », mouvement de terrain entre l’Ancienne Batterie de l’Escalette et le Fortin des Goudes.
Une habile bifurcation les ramène au nord du hameau de Callelongue, tout cela en 1H45 de bonne marche par beau temps.
Arrivés au club, nos explorateurs amateurs participent à la remontée du Barracuda II utilisé par quatre Morses plongeurs qui, eux, ont exploré la Grotte du professeur Pères (directeur de la station marine d’Endoume et scientifique de renommée internationale) et les Arches de Plane.
Après un repas pris sur la terrasse avec tous les Morses présents, c’est le début de l’assemblée générale ordinaire : une réunion portant principalement sur le bilan de la saison 2017-2018, illustrée d’un diaporama très détaillé et émaillée d’interventions parfois passionnées de la part d’adhérents motivés.
La dégustation du gâteau des rois organisée par Lucien, le président de la section plongée, et des libations au cidre de Normandie récompensent les plus assidus .... à partir de 17 heures.
Texte: Frédéric ALLAIN & Jean Claude EUGENE.
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L’horoscope du samedi 12 janvier 2019 indique que La Lune, tout en s’alignant sur Mars, forme avec Vénus un trigone - c’est-à-dire que la configuration astrologique de la Lune et de Vénus dans le ciel présente un écart angulaire de 120° - stimulant ainsi notre créativité et nous encourageant à poursuivre nos désirs ; sans oublier que les conversations et les pensées peuvent alors prendre un ton sérieux, car Mercure et Saturne se dirigent elles aussi vers un alignement.
Chez les Morses du bout du monde présents ce samedi matin, quand la température ambiante semble basse avec un mistral qui entretient ce ressenti, et bien leur désir créatif les amène à randonner dans les collines avoisinantes pour découvrir ou redécouvrir le patrimoine historique des lieux.
De façon sérieuse et mûrement réfléchie, les deux Frédéric, François et Jean-Claude choisissent le Fortin des Goudes pour assouvir leurs envies d’exercice physique et de plongée dans le passé.
Le Fortin des Goudes est une fortification polygonale enterrée érigée sur les hauteurs des Goudes dans les années qui ont suivi la défaite traumatisante de Napoléon III à Sedan en 1871. Le Fortin fait partie du système « Séré de Rivières", nom du général qui disposa de budgets colossaux pour créer un ensemble de fortifications bâti à partir de 1874 le long des frontières et des côtes françaises, en métropole ainsi que dans quelques colonies.
L’itinéraire à vocation mémorielle conduit l’équipe de Morses randonneurs à emprunter le sentier dit « du Président » qui joint Montredon jusqu’au sommet de Marseilleveyre, sentier créé en hommage à Antoine Pellice, président de la société des excursionnistes marseillais de 1911 à 1940.
L’arrivée sur les lieux commence par un tour extérieur du mur d’enceinte, puis s’enchaînent différentes visites tant des magasins que de la poudrière, du souterrain desservant plusieurs salles d’abri et de vie, certaines étant équipées d’un foyer à bois, pour faire chauffer la popote; quant au bâtiment extérieur dominant le site fortifié, il servait de poste de direction de tir.
Les trois cuves bien visibles sur la photos aérienne sont, selon certaines sources, des emplacements pour trois mortiers de 270 mm ( modèle 1889) destinés à couler les navires ennemis en approche de Marseille. Ce type de mortier est adopté à l’époque pour assurer la défense de nos côtes maritimes, avec sa portée de tir de 18 500 mètres, des obus pesant entre 180 et 230 kg, mais une cadence de tir d’un coup toutes les trois minutes.
Suite à cette visite, retour via le petit port des Goudes où un incendie s'est déclenché le samedi 5 janvier vers 23 heures. Le feu a pu être éteint dimanche à 2 heures du matin et, selon un bilan des marins-pompiers le dimanche matin, environ vingt bateaux ont brûlé et dix ont coulé.
Aucune victime n'est à déplorer. Une enquête est ouverte pour déterminer les causes de cet incendie.
De retour au camp de base, les joyeux excursionnistes du Bout du monde partagent avec les Morses présents sur place un repas convivial, agrémenté de la dégustation d’un traditionnel gâteau des rois.
Texte: Frédéric ALLAIN & Jean Claude EUGENE
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Pour ce premier samedi de l’année 2019, 5ème jour de l'année du calendrier grégorien (calendrier adopté par le pape Grégoire XIII en 1582 et qui s'est imposé dans la majeure partie du monde pour les usages civils depuis le milieu du XXème siècle), la matinée se révèle plutôt chargée et riche de clins d’œil et coïncidences avec des évènements historiques.
Une équipée de cinq Morses composée de Geneviève (directrice de plongée), Luc, Patrick, Jean Michel et Rémy, son collègue normand, part à bord du ″Barracuda II″ pour une plongée sur les Farillons de l’île Maïre. Tiens ! Le 5 janvier est le jour de la fête liturgique de sainte Geneviève Torres Morales, religieuse espagnole décédée le 5 janvier 1956, fondatrice d’un ordre religieux et reconnue sainte par l'Église catholique en mai 2003.
Tandis que Frédéric et Pierre - imprégnés de la culture technique d’Édouard et André Michelin - s’affairent à équiper la roue droite de la remorque bleue d’une chambre à air. En effet, si c’est bien John Boyd Dunlop qui dépose le brevet du pneu à air avec valve le 7 décembre 1888, ce sont les frères Michelin qui perfectionnent le produit et inventent le premier pneumatique démontable avec une chambre à air indépendante du pneumatique. Édouard Michelin dépose les brevets sur ce concept de pneu démontable au cours de l’été 1891.
Quant à ″Frédéric II″ - non pas Frédéric II de Prusse parfois surnommé affectueusement le vieux Fritz, roi de Prusse de 1740 à 1786 - mais simplement Chupin et Jean-Claude Eugène se lancent à la conquête du Sémaphore de ″Callelongue″ par un fort mistral et une température plutôt froide pour vérifier l’état d’avancement de travaux avant son inauguration et l’accueil du public.
Bizarre! C’est justement le 5 janvier 1875 qu’a lieu la représentation inaugurale de l'Opéra de Paris en présence du président de la République, le maréchal de Mac-Mahon, de la reine mère d'Espagne, du lord-maire de Londres ainsi que d'environ 2500 spectateurs.
Arrivée au sémaphore, ils constatent l’avancement des travaux, avec des sacs de matériaux entreposés sur la terrasse, les échafaudages en place, encore beaucoup de travail à faire.
Après avoir fait le tour du bâtiment et embrassé pour peut-être la dernière fois le tag du singe, qui devrait disparaitre à la fin de cette restauration.
Durant leur descente, une équipe d’apnéistes : Antoine et Thomas sous la houlette de Véronique se prête à une séance de photos dans la calanque, sous les flashes de nos deux photographes Martine et François.
A signaler la visite surprise de l’ancien président "Girier" que les grands Anciens du club n’avaient plus revu depuis pas mal d’années.
Pour finir là ce riche récit du samedi matin 5 janvier 2019, à l’heure de l’apéritif convivial pris dans la cuisine des Morses, un aperçu de « sonneries de quartier » est exécuté par notre trompettiste normand Rémy.
Ce sont des sonneries qui réglaient la vie journalière dans les casernes ; illustration ci-après par quelques exemples du répertoire joué par Rémy :
- Le réveil : le clairon de service se tient au centre du quartier et sonne dans les quatre points cardinaux.
- Le rassemblement : tous se précipitent, chaque section se rassemble devant le bâtiment de la compagnie.
- L’extinction des feux : elle indique l’extinction des lumières et donc le sommeil des troupes.
- Au drapeau : sonnerie qui symbolise le regroupement de tous au service de la nation.
Et même la sonnerie aux morts est jouée par Rémy, sonnerie qui trouve son origine durant la guerre de sécession en Amérique du Nord.
Il convient de noter que si les sonneries de quartier et de manœuvre sont tombées en désuétude, les sonneries du cérémonial militaire sont toujours employées. En effet, une cérémonie se conçoit difficilement sans ces signaux sonores qui en marquent les différentes parties à l’assistance et solennisent l’événement. Aujourd’hui, les autorités civiles et même les militaires utilisent fréquemment des enregistrements pour pallier la carence d’instrumentistes.
Une coïncidence historique? Le 5 janvier 1895, le capitaine Alfred Dreyfus est solennellement dégradé dans la cour de l'École Militaire, à Paris, sous l'inculpation de haute trahison. Il sera ensuite envoyé à l'île du Diable, en Guyane. La campagne de réhabilitation va donner lieu à une affaire judiciaire sans précédent, mobilisant dreyfusards contre antidreyfusards.
Texte : Frédéric ALLAIN & Jean Claude EUGENE
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Le moi de Juin, c’est le cœur de l’hiver en Nouvelle Calédonie. D’un côté, les journées sont plus courtes (de 6h00 à 17h00). La température de l’air descend la nuit à 15 ° et il faut penser à sortir sa petite laine. La température de l’eau se rafraichit : à 23° nous sommes obligés de ranger les shorty et de sortir les combinaisons de 7 mm. C’est dur, mais nous faisons face vaillamment. De l’autre côté, les pluies sont terminées. Et surtout, la zone de convergence intertropicale se rapproche. En clair, cela signifie que l’alizée molli et que l’on peut enfin profiter de quelques bonnes journées avec moins de dix nœuds de vent pour aller en mer !
Toujours un œil sur la météo, je viens de repérer le weekend idéal pour sortir avec mon bateau. Juste après une petite dépression qui nous a contraint à annuler notre weekend en catamaran, il va y avoir plusieurs jours de pétole. J’envoie aussitôt un email à mon compère Marc pour organiser une sortie vers les multiples passes du Grand sud. A deux heures et demi de route, elles sont à portée de mon zodiac, mais suffisamment éloignées pour ne pas tenter l’aventure avec trop de vent. Et juste assez pour les protéger d’une invasion de plongeurs par les clubs commerciaux : c’est trop cher en essence et cela demande trop d’effort pour y arriver.
Sans surprise, Marc acquiesce sur le champ. Il faut dire que ces passes sont exceptionnelles. Les bancs de poissons (anglais, lutjans, cochers ...) sont si imposants et si denses que cela parait incroyable. Les champs de gorgones sont exceptionnels : les couleurs vont du jaune au vert, leur taille est gigantesque. Il est certain qu’aucun coup de palme malencontreux ne les a amputées d’une branche. Enfin, il y a toujours l’espoir d’y faire une rencontre exceptionnelle: banc de requins gris, albimarginatus bien entendu mais j’ai eu la chance de croiser aussi un requin tigre, quelques requins marteaux et Marc a aperçu un espadon voilier lors de la dernière sortie. Alors quand le temps le permet, il vaut mieux ne pas rater sa chance, car elle se présente rarement. Je tiens d’ailleurs un carnet de ces plongées, moi qui ai abandonné le mien depuis des années, car chacune est un petit trésor. Et comme vous pouvez le voir, il reste encore bien des passes à découvrir, ce qui me réjouit.
Reste à trouver un troisième compère pour plonger avec Marc. Note amie Agathe vient de nous quitter, c’est bien dommage. Pierre vient de récupérer sa copine de métropole et décline l’invitation. Alors ce sera l’occasion d’inviter Laurent, nouveau niveau 3 très à l’aise sous l’eau. Il est de surcroit à la fois marin et cuisinier de métier. Pas de crainte à avoir sur ses capacités à endurer les éléments et la promesse d’une glacière bien remplie. « C’est choc » comme les gens disent ici.
« Et si l’on campait » propose Marc. Quelle idée géniale ! J’en rêvais avant même d’avoir mis le pied sur le territoire. Quand mon père prospectait pour acheter mon futur navire, j’imaginais déjà ces virées sur les ilots, pour aller camper, pêcher et plonger, tout en admirant la carte ou en navigant sur google earth. Allez-y, vous verrez de vous-même. Le terrain de jeu vu du ciel est fantastique. Il y a 60 milles entre Nouméa et le bout de la corne Sud. Quand on se souvient que Porquerolles n’est qu’à 40 milles de Marseille ... cela donne une idée du nombre de sites potentiels à découvrir, vu que personne ou presque ne s’y risque. De quoi enflammer l’imagination et occuper toute une vie.
L’idée de camper est adoptée sur le champ. Nous irons dormir sur l’ilot Kuare. Un petit chenal au travers du récif côté Sud-est, comme le laisse deviner la photo satellite, devrait permettre d’amener le bateau jusqu’à la plage. Je m’occupe du bateau, Marc et Laurent de la popote et de l’apéritif. Plus une tente, un matelas et un sac de couchage chacun, finalement ce n’est pas bien compliqué de s’organiser. Le plus dur sera de nous dégotter et transporter suffisamment de blocs pour plonger. Heureusement avec l’aide bienveillante de Thierry et Stéphanie, nous sommes pourvus.
Et nous voilà partis de bon matin vers la passe de Uatio. Je laisse la barre à Laurent, ce qui me laisse le temps de profiter du paysage en sirotant le bon café tout chaud de mon thermos. La balise verte de l’ilot canard, à frôler e tribord de l’ilot Atire, l’étroit passage au travers du récif Uimé qui nous impose de ralentir pour bien discerner par transparence les patates de corail, la grande passe de Mato et la sortie du lagon. La couleur de l’eau s’assombrit pour prendre celle d’un bleu marine intense, la houle s’allonge sur plusieurs dizaine de mètres et les fonds disparaissent : c’est le Pacifique ! Il suffit maintenant de suivre la barrière de corail, bien mise en évidence par les vagues qui se fracassent à grand bruit pour se réduire en un long ruban d’écume blanche, afin d’atteindre notre site de plongée.
Plonger dans les nombreuse passes qui traversent le récif est tout un art, qu’il n’est pas facile de maîtriser. Loin de là ! Le courant peut facilement atteindre plusieurs nœuds, tour à tour créant un enchevêtrement de maelstroms ou levant suivant le vent un mascaret tout aussi chaotique que sévère. Je me souviens d’ailleurs de ma première plongée dans la passe de Kuaré, il y a un peu plus d’un an. Le skipper du catamaran qui nous y avait conduit, après un coup d’œil sur les volutes de courant annonçait d’un ton sans réplique : « les conditions sont parfaites, dépêchons nous ». Je le regardais alors tout ébahi, me demandant bien comment il avait pu arriver à cette conclusion. Surtout que les tables de marée ne sont guère d’un grand secours, bien au contraire. Alors que leur lecture pourrait amener à conclure à un fort courant rentrant, nous sommes confrontés au sortant. Ou l’inverse. Dans ces conditions, pas facile au pilote qui assure la sécurité de surface de deviner où sortira la palanquée. Quant à suivre les bulles dans toutes ces vagues ...
Heureusement, j’ai ramené une arme secrète des plongées héroïques au Mozambique : un gros moulinet avec cinquante mètres de fil, auquel il suffit d’attacher un pare-battage pour se signaler. Cela limite les mouvements sous l’eau, c’est vrai. Mais si la mer n’est pas parfaitement lisse, quel confort et quel avantage en termes de sécurité. Ma plus grande peur en plongée a toujours été de me retrouver en surface, dérivant seul, sans bateau à l’horizon, dans une mer formée ... Brrrrr. Et puis, avec le temps et l’expérience, nous avons aussi appris à lire le mascaret et deviner le sens du courant.
Très courageux, mes camarades me laissent la primeur. J’imagine que c’est sans doute la fraicheur de l’eau qui les conduit à adopter cette attitude si prudente, à moins que ce soit leur générosité naturelle qui les pousse à autant de politesse. Alors je m’équipe: la combinaison, les palmes, le gilet avec la bouteille, détendeur en bouche ... je suis prêt à déclencher ma bascule arrière quand soudain j’aperçois pas très loin du récif, oui, c’est bien cela: une baleine !
Les baleines arrivent fin juin normalement. Elles sont les vedettes de notre hiver. Celle-ci est sans doute la première de l’année. Après tout, nous ne sommes que le 10 juin. Quelle chance incroyable! Les baleines à bosse viennent chaque année mettre bas en Nouvelle Calédonie. Leur arrivée est depuis toujours, pour les habitants de l’Ile des pins, le signal de la période de plantations des ignames.
Marc approche prudemment le bateau du récif tout en murmurant « Tu as sacrément de la chance, je donnerais cher pour prendre ton tour de plongée ». Et oui, la fortune sourit aux audacieux. Il ne faut jamais hésiter à prendre son tour, sous peine de le regretter. La baleine souffle puis disparait sous la surface. Le récif est tout proche, l’adrénaline est montée de plusieurs crans, je me glisse sous la surface en tenant fermement mon moulinet avec sa bouée. L’eau est un peu laiteuse, dommage. Je descends rapidement à 25 mètres le long du récif en nageant vers l’endroit où la baleine a semble-t-il disparu. Je scrute le bleu de tout côté, écarquillant les yeux le plus possible. Oui, là, il me semble bien voir une ombre, à peine perceptible, presque en surface. Je retiens mon souffle en essayant de respirer le moins possible pour limiter les bulles et je décide de remonter en collant au récif dans l’espoir d’être moins visible. La forme grossit: c’est bien la baleine!
La baleine ! Vue de dessous.
Elle est presque de face et semble m’observer de son œil gauche. Alors, je m’approche lentement pendant qu’elle pivote pour se mettre de profil et m’observer de son œil droit. Je suis maintenant très proche, peut être moins de dix mètres. Elle commence à nager à lent coup de queue. Peu à peu, elle prend de la vitesse. Il faut dire que vu sa masse, peut être neuf mètres pour presque vingt tonnes, elle doit avoir une certaine inertie. Je respire, je suis maintenant presque en surface à essayer de la suivre mais je me sens bruyant et lourd. Elle disparait dans le bleu au bout de quelques minutes sans que je puisse la suivre. Quelle rencontre!
De retour en surface, je n’ai guère le temps de partager ma petite aventure que nous apercevons à nouveau la baleine. Sans même enlever ma combinaison, je prends les manettes pour approcher le Léviathan. Fébrilement, Laurent et Marc s’équipent. Je leur suggère de se limiter à palmes, masque et tuba pour plus de rapidité et de discrétion. Laurent est le premier à l’eau avec sa caméra. Au début je le vois prudemment s’agripper d’une main ferme la main courante du bateau. Il ne relève pas la tête. Prenant confiance, il finit par nous lâcher en agitant la main. J’encourage Marc à se dépêcher. Dans l’excitation du moment, il a perdu son masque, cherche un tuba. Enfin il se glisse aussi dans l’eau... Je les suis de loin. Puis je vois Marc tenter une apnée sans ceinture de plomb. Je m’approche pour lui en amener une. Et c’est déjà terminé. Une poignée de minutes, mais ils sont aux anges et n’arrêtent pas de parler.
Vue de la surface
« J’ai voulu plonger, mais sans ceinture... et puis juste à ce moment, elle est remontée droit sur moi. J’ai vu son œil, juste là, énorme! »
Le graal à portée de palmes. « Après ça, j’arrête la plongée ! » promet Marc
Quelques minutes de répit, et nous apercevons à nouveau notre ami. La tête en bas, il laisse sortir sa queue pour frapper à intervalle régulier la surface. Nous restons prudemment à distance pour écouter les claquements sonores qui se répètent pendant plusieurs minutes. Cherche-t-il à nous intimider? à se signaler auprès de ses camarades? à attirer une femelle? Intimidés, nous regardons de loin cette démonstration de puissance.
Pour nous la journée est gagnée: impossible d’évoquer la baleine sans déclencher comme par réflexe un grand sourire chez les autres. Marc affirme à grand geste qu’il arrête la plongée. « Je m’étais fait la promesse que si un jour je rencontrais une baleine, j’abandonnerais la plongée. Qu’est ce que l’on peut bien espérer de plus après cela? ».
Bâbord
Pourquoi pas une escorte de dauphin pour rejoindre l’ilot Kuare où nous avons prévu de passer la nuit? Et oui, c’est cela la Nouvelle-Calédonie. Alors que les images de la baleine continuent de hanter nos esprits, nous voilà soudainement entourés d’un banc d’une douzaine de petits dauphins qui virevoltent de bâbord à tribord, nous dépassant sans effort alors que nous allons à 15 nœuds. Je plonge ma caméra dans l’eau pour saisir quelques images de ce balai aquatique pendant que Laurent filme en surface.
Tribord
L’ilot est cerné de toute part par le récif, mais heureusement nous trouvons rapidement le petit chenal qui mène à la plage. Une fois le récif passé, il y a une large bande de sable sur laquelle nous voyons s’enfuir une raie pastenague. C’est le fond parfait pour une bonne tenue de l’ancre, et puis à marée basse, aucun danger pour le zodiac. Marc amarre un bout sur une souche de bois flotté pour approcher le bateau du rivage et s’assurer qu’il ne dérivera pas avec le courant sur le récif.
Nous repérons tout de suite les emplacements pour planter les tentes: un moelleux tapis de salicorne. Un tricot rayé, sans doute un peu effrayé par notre prise de possession des lieux, abandonne l’ilot pour aller se réfugier en mer. C’est peut être aussi l’heure pour lui d’aller chasser.
Tricots rayés
Les tentes sont vite montées, une douche rapide avec une bouteille d’eau douce et nous voilà dessalés. Nous profitons des dernières heures de jour pour ramasser le bois flotté qui complétera la palette de billet – merci l’IEOM - comme combustible pour notre feu de camp. Laurent nous sort quelques bières bien fraîches que nous savourons en contemplant le coucher du soleil et la danse des flammes de notre feu de camp.
Il est possible de définir le bonheur comme les instants pendant lesquels nous ne voudrions rien changer. A ce moment, c’est certain, c’est le bonheur : une journée passée avec baleine et dauphins qui se termine au coin du feu, une bière à la main et sur un ilot de la Corne sud.
Et même au-delà, je songe à mon long apprentissage de la mer avec mes amis Zé, Philippe, Charles avec qui j’ai navigué ou plongé des jours entiers. J’ai une pensée pour mon père qui m’a depuis toujours mis des bateaux entre les mains: dériveurs, bateaux à moteur, voiliers ... jusqu’à ce zodiac qu’il m’a envoyé à l’autre bout du monde dans un container. Et j’ai l’impression d’arriver à un aboutissement, une sorte de sommet de ce que je suis capable d’accomplir: piloter mon propre bateau au travers des récifs frangeant d’un lagon au milieu du Pacifique, pour aller plonger au plus fort du courant dans une passe éloignée de la barrière, et avec une baleine.
Feu de camp sur Kuare après une plongée baleine : le bonheur.
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- Écrit par : Rémi Fritsch
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